Comment le président de 92 ans reconquiert les régions perdues dans un pays en recomposition politique



Douala, Maroua, Bertoua : trois villes, trois symboles d'une reconquête territoriale minutieusement orchestrée. Selon nos informations exclusives, l'entourage de Paul Biya a élaboré une "cartographie électorale d'urgence" qui révèle les failles du système Biya après plus de quatre décennies au pouvoir.

Jeune Afrique a pu consulter des documents internes du parti au pouvoir qui dessinent une carte préoccupante pour le président sortant. Douala, capitale économique où Paul Biya n'a pas mis les pieds depuis douze ans, cristallise tous les enjeux. "Cette absence prolongée n'est pas anodine", confie une source proche du palais présidentiel à Jeune Afrique. "Elle traduit une forme d'abandon politique d'une région qui génère 40% du PIB national."
La stratégie de rattrapage révélée par Jeune Afrique s'articule autour de trois axes : reconquérir l'économique (Douala), sécuriser le Nord traditionnel (Maroua) et neutraliser l'Est émergent (Bertoua). Une approche qui trahit les inquiétudes du pouvoir face à la montée d'Issa Tchiroma Bakary, révèle notre enquête exclusive.

L'analyse exclusive de Jeune Afrique dévoile pourquoi Issa Tchiroma Bakary a choisi de lancer sa précampagne à Bertoua plutôt que dans son fief de Garoua. Nos sources indiquent que cette décision répond à une logique géopolitique précise : faire de l'Est camerounais le nouveau centre de gravité politique du pays.


"Tchiroma a compris que celui qui contrôle l'axe Bertoua-Ngaoundéré contrôle les corridors commerciaux avec le Tchad et la Centrafrique", explique à Jeune Afrique un ancien conseiller présidentiel. Cette stratégie du "pivot oriental" inquiète suffisamment Yaoundé pour que Paul Biya inscrive Bertoua dans sa tournée, révèlent nos informations.

Jeune Afrique lève le voile sur une interrogation majeure : la rivalité Tchiroma-Bello Bouba est-elle instrumentalisée par le pouvoir ? Nos révélations exclusives montrent que des émissaires du palais ont multiplié les contacts avec l'entourage des deux hommes depuis juin 2025.

"Le calcul est simple", confie à Jeune Afrique un dignitaire du Nord : "maintenir la division pour affaiblir le vote nordiste." Cette stratégie du "diviser pour régner", documentée par nos équipes, explique pourquoi aucune médiation sérieuse n'a été tentée entre les deux rivaux de la Bénoué.


Selon l'analyse exclusive de Jeune Afrique, l'élection de 2025 redessine la géographie politique camerounaise. L'invalidation de Maurice Kamto prive l'opposition urbaine de son leader naturel, mais propulse mécaniquement les enjeux vers les régions périphériques.

Cette reconfiguration territoriale, que Jeune Afrique a pu documenter grâce à des sources multiples, place Paul Biya dans une situation inédite : défendre son bilan dans des zones qu'il a délaissées tout en empêchant l'émergence d'une alternative crédible du Nord.

L'enjeu dépasse le simple calcul électoral : il s'agit de redéfinir l'architecture du pouvoir camerounais pour les décennies à venir. Une mutation que Jeune Afrique continuera de documenter dans les semaines qui viennent.