Actualités of Friday, 19 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : La SNH, un géant aux pieds d’argile ? Scandales, corruption et inefficacité à la tête de l’or noir

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À quelques jours du scrutin présidentiel du 12 octobre 2025, le secteur pétrolier camerounais, autrefois pilier de l’économie nationale, est en pleine déroute. Jeune Afrique révèle les coulisses d’une gestion chaotique de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), marquée par des scandales de corruption, une opacité persistante et une incapacité à relancer l’exploration. Malgré son statut de première entreprise du pays, la SNH peine à jouer son rôle d’opérateur de référence, laissant le champ libre à des acteurs privés comme Perenco.

D’après les investigations de Jeune Afrique, la SNH, dirigée par Adolphe Moudiki depuis trois décennies, n’a jamais réussi à s’imposer comme un acteur clé de l’industrie pétrolière. Bien qu’elle soit devenue opérateur sur un petit gisement onshore, son influence reste limitée. « Le rôle de la SNH reste marginal dans l’activité pétrolière. Elle n’a pas su transformer ses interventions en leviers stratégiques », confie Albert Léonard Dikoume, expert en fiscalité pétrolière, à Jeune Afrique.

Les révélations de Jeune Afrique confirment que la SNH a accordé des contrats au géant Glencore en échange de pots-de-vin versés à des agents publics. Malgré l’ouverture d’une enquête interne, les responsables impliqués n’ont toujours pas été identifiés. Ce scandale s’inscrit dans une série de controverses qui minent la crédibilité de l’institution, déjà critiquée pour son manque de transparence.

L’absence d’un ministère dédié aux hydrocarbures et d’un plan national de développement du secteur pétrolier et gazier aggrave la situation. La gestion de l’or noir camerounais repose presque exclusivement sur Adolphe Moudiki, dont la longévité à la tête de la SNH interroge. « Sans une réforme profonde, la SNH risque de rester un géant aux pieds d’argile », souligne un analyste sous couvert d’anonymat.

La raffinerie nationale, Sonara, est à l’arrêt depuis l’incendie de 2019. Malgré l’adoption du plan de relance Parras 24, son redémarrage n’est prévu qu’en 2027, sous réserve de mobiliser 300 milliards de francs CFA. Un délai qui illustre l’incapacité du pays à rebondir rapidement.

Les révélations de Jeune Afrique montrent que la SNH, loin d’être un moteur de croissance, est devenue un symbole des dysfonctionnements du secteur pétrolier camerounais. Sans une refonte de sa gouvernance et une lutte efficace contre la corruption, le Cameroun risque de voir s’éteindre définitivement sa rente pétrolière.