Actualités of Friday, 19 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : Pourquoi les majors pétrolières boudent-elles le pays ? Entre déclin des gisements et climat des affaires toxique

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Alors que le Cameroun s’apprête à élire son président le 12 octobre 2025, le secteur pétrolier, autrefois florissant, est en crise. Jeune Afrique lève le voile sur les raisons du désamour des majors pétrolières pour le pays : déclin des gisements, instabilité fiscale et climat des affaires délétère. Malgré des appels d’offres répétés, les investisseurs internationaux se font rares, laissant le pays dépendre presque exclusivement de Perenco.

Les données exclusives de Jeune Afrique révèlent que la production pétrolière camerounaise est en dents de scie : après 21,3 millions de barils en 2024, elle devrait chuter à 19,8 millions en 2025, avant une légère remontée en 2026. Le gaz naturel, quant à lui, verra sa production divisée par deux d’ici 2027. « Le Cameroun est pris en étau entre le déclin des gisements et l’absence de nouvelles découvertes », explique un expert du secteur.

Selon les informations de Jeune Afrique, le Cameroun a modifié son code pétrolier à trois reprises (1978, 1999, 2019) sans parvenir à stabiliser son cadre fiscal. L’impôt sur les sociétés est passé de 57,5 % à 35 %, sous la pression des compagnies et en raison d’un manque d’expertise technique au sein de l’administration. « Ce glissement fiscal mal maîtrisé a réduit la part des recettes pétrolières dans le budget de l’État », souligne Albert Léonard Dikoume, auteur d’une étude sur la fiscalité pétrolière en Afrique centrale.

Les révélations de Jeune Afrique confirment que la corruption et les règles strictes en matière de transfert de devises dissuadent les investisseurs. L’affaire Glencore, marquée par des pots-de-vin, a encore alourdi la facture politique du pays. « La corruption et l’instabilité réglementaire rendent le Cameroun peu attractif », déclare NJ Ayuk, président de la Chambre africaine de l’énergie.

En 2018, le Cameroun a lancé un cycle d’octroi de licences pétrolières dans les bassins du Rio del Rey et de Douala/Kribi-Campo. Résultat : un échec cuisant. En août 2025, le gouvernement a relancé neuf blocs pétroliers et gaziers dans la même zone, sans garantie de succès. « Les investisseurs attendent des signes clairs de stabilité et de transparence », précise un analyste.

Avec une production d’environ 100 000 barils par jour, Perenco reste le seul acteur majeur présent au Cameroun. Mais son engagement ne suffit pas à compenser le désintérêt général des multinationales. « Sans nouvelles découvertes, le pays risque de perdre définitivement son attractivité », avertit un expert interrogé par Jeune Afrique.

Les révélations de Jeune Afrique montrent que le Cameroun, malgré son potentiel, est victime d’un cercle vicieux : déclin des gisements, fiscalité instable et corruption. Pour attirer à nouveau les majors, le pays devra impérativement restaurer la confiance des investisseurs et clarifier son cadre réglementaire.