C'est parti, l'appel est émis. L'heure est à la mutualisation des efforts entre les partisans de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) et ceux du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Maurice Kamto et Bello Bouba Maigari peuvent le faire. Le membre du Comité central de l’UNDP, Grégoire Birwé, a été chargé de mener à bout le processus au nom de son président.
L'exercice qui consiste à trouver un candidat consensuel pour l'opposition à l'élection présidentielle d'octobre 2025 est un impératif stratégique et historique. La comparaison entre le Professeur Maurice Kamto et le ministre d'État Bello Bouba Maigari révèle des similitudes frappantes, non pas anecdotiques, mais profondes, qui dessinent les contours d'un destin commun et d'une lutte partagée contre le système en place. Ces points de convergence peuvent et doivent servir de base à une union sacrée de l'opposition.
Les forces convergentes que les militants du MRC et de l'UNDP peuvent reconnaître et chérir sont entre autres : une expérience gouvernementale et une connaissance approfondie des arcanes de l'État.
Tous deux ont servi au plus haut niveau de l'exécutif camerounais. Leur passage dans le gouvernement leur a conféré une connaissance intime du fonctionnement de l'État, de ses forces et, surtout, de ses failles. Ils ne sont pas de simples critiques de l'extérieur ; ce sont des acteurs aguerris qui savent exactement ce qu'il faut réformer et comment s'y prendre. Cette expérience est un atout inestimable pour gouverner efficacement dès le premier jour.
Le prix de la dissidence : exil et emprisonnement. C'est le point le plus émotionnellement puissant et le plus fédérateur. Tous deux ont payé de leur liberté leur opposition à Paul Biya : Bello Bouba a connu l'exil pendant 7 longues années. Maurice Kamto a connu la prison de Kondengui pendant 9 mois.
Cette souffrance partagée crée un lien indéniable et sacré. Elle est la preuve ultime de leur engagement et de leur courage. Elle place les deux hommes bien au-dessus de ceux qui n'ont jamais risqué quoi que ce soit pour leurs convictions. Les militants du MRC, qui ont marché et souffert pour Kamto, peuvent reconnaître en Bello Bouba un frère de lutte qui comprend intrinsèquement le sacrifice consenti par leur leader.
Une intégrité morale et une éthique irréprochables. Leur distance affichée vis-à-vis des cercles ésotériques (franc-maçonnerie, rose-croix) souvent associés au pouvoir est un signal fort pour une grande partie de l'électorat camerounais, notamment les communautés religieuses. Leur pratique fervente et affichée de leurs religions respectives (islam et catholicisme) et leurs vertus d'humilité et de réserve contrastent vivement avec l'opacité et les excès souvent attribués au régime actuel. Ils incarnent une alternative morale.
Une histoire commune de contestation de la légalité électorale. Bello Bouba a boycotté la présidentielle de 1997. Maurice Kamto a boycotté le scrutin de 2020. Cette similitude démontre qu'ils partagent la même analyse sur l'absence de transparence et l'illégitimité des processus électoraux orchestrés par le RDPC. Ils ne sont pas prêts à participer à une mascarade. Cette position commune renforce leur crédibilité en tant que démocrates intransigeants.
Le statut d’outsider par rapport au système RDPC. Le fait qu'aucun des deux n'ait jamais milité au RDPC est capital. Bello Bouba est un pilier historique de l'UNDP et Kamto le fondateur du MRC. Ils ne sont pas des dissidents du parti au pouvoir, mais les leaders de familles politiques alternatives avec leurs propres histoires, structures et militants. Cette distinction est cruciale pour éviter l'image de "recyclage" d'anciens barons du régime.
Un respect mutuel et une estime réciproque ancienne. Le fait qu'ils se soient respectés avant, pendant et après leur passage au gouvernement n'est pas un détail. Cela indique que leur relation n'était pas simplement une alliance de circonstance, mais qu'elle est basée sur une reconnaissance mutuelle de leur valeur, de leur intégrité et de leur compétence. Ce respect est la fondation minimale et essentielle sur laquelle on peut bâtir une alliance solide et sincère.
L'ultime sacrifice : la démission pour challenger Biya : le geste ultime est identique : démissionner d'un poste ministériel prestigieux et confortable pour affronter Paul Biya. Bello Bouba l'a fait en 2025, Kamto l'a fait en 2011. Ce geste est la preuve irréfutable que leur ambition personnelle passe après l'intérêt supérieur de la nation. Ils ont choisi le risque et le combat plutôt que le confort et la soumission.
Message aux militants du MRC, chers militants, sympathisants du MRC, votre combat n'a pas été vain. L'emprisonnement du Professeur Kamto, vos marches pacifiques réprimées, votre boycott courageux de 2020, et l'invalidation injuste de sa candidature aujourd'hui sont les preuves vivantes que le système ne veut pas d'une opposition légitime et populaire.
Regardez l'histoire de Bello Bouba Maïgari. Elle résonne étrangement avec la vôtre. Il a connu l'exil comme vous avez connu la prison. Il a boycotté une élection comme vous l'avez fait. Il a démissionné pour se battre, comme l'a fait votre leader. Maurice Kamto n'est pas "recalé", il est empêché. Et face à cet obstacle, la sagesse commande l'union stratégique.
Soutenir Bello Bouba Maïgari en tant que candidat consensuel de l'opposition n'est pas une trahison, c'est une tactique de guerre. C'est porter le combat sur un autre terrain avec un général tout aussi expérimenté, tout aussi courageux et qui a payé le même prix que votre leader pour défier le système.
C'est faire en sorte que les sacrifices de Kondengui ne soient pas oubliés, mais qu'ils deviennent le socle sur lequel se construit la victoire. Bello Bouba Maïgari n'est pas un rival ; dans le contexte actuel, il est le porte-étendard le plus crédible pour porter le flambeau de la lutte que le Professeur Kamto et vous-mêmes avez allumé.
Le plébisciter, c'est être stratège. C'est comprendre que l'objectif final est de mettre fin à des décennies de règne sans partage, celà dépasse les étiquettes partisanes. C'est honorer la lutte de Kamto en la faisant gagner par d'autres moyens.
L'union fait la force. Il est temps de faire converger vos forces avec celles de l'UNDP et de toutes les autres sensibilités démocratiques pour former un raz-de-marée impossible à contenir le 12 octobre 2025.