Actualités of Saturday, 13 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Présidentielle : pourquoi une candidature unique de l’opposition serait un piège

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Dr Simeon Kuissu le dit haut et fort. Le vrai défi n’est pas une candidature unique de l’opposition. Mais alors, que propose-t-il ? Découverte !

Candidat unique de l'opposition, un leurre et un piège. À l'approche d’une élection présidentielle, la même rengaine revient toujours : « l’opposition doit s’unir, il faut un candidat unique de l’opposition », etc.

Pourtant un simple effort de mémoire fait se rendre compte que cette idée est trompeuse. Référons-nous seulement aux cinq dernières présidentielles qui ont suivi l’éviction du président Ahidjo.

2018 (9 candidats), 2011, 2004, 1997, 1992, toutes remportées par le même candidat, qui se trouve être toujours le président sortant, la même personne au pouvoir depuis 1975 d’abord comme premier ministre de 1975 à 1982. 1997, l’élection était anticipée et fût boycottée par une partie de l’opposition.

Aujourd’hui, près de 81 candidats, un record qui n’est pas un hasard. Cela arrange trop le RDPC. En 1992, John Fru Ndi, chairman du SDF, parti d’opposition qui venait de naitre est candidat comme beaucoup d’autres, au moins trois dont les noms me sont restés, à savoir Adamou Ndam Njoya, Bello Bouba (déjà candidat à cette époque), Eboua Samuel.

Sous la pression de ses partisans, Eboua accepta de retirer sa candidature. Ndam et Bello se maintinrent en concurrence avec Fru Ndi. Celui-ci fut élu. Sa victoire ne fut pas retenue par le pouvoir qui proclama Biya élu. Cette victoire de Ndi est aujourd’hui reconnue par beaucoup de ceux qui la contestèrent à l’époque.

Donc, un candidat peut gagner malgré la multitude de candidats du même camp. En 2011 (ou 2004 ?), l’opposition réunie désigna Ndam Joya candidat unique. Au sortir de la réunion, Fru Ndi annonça sa candidature, en violation de l’accord intervenu entre les opposants. L’opposition perdit l’élection.

Donc l’opposition peut perdre les élections même si elle s’est entendue sur un candidat unique. La candidature unique n’est donc pas forcément gage de succès. Une candidature soutenue par les forces politiques populaires a plus de chance de gagner. Voilà où se trouve la responsabilité des deux candidats en tête du peloton.

En 1992, c’est le SDF et l’UPC, partis les plus populaires, même si le SDF avait siphonné une grande partie des militants de l’UPC, qui assurèrent la victoire de Fru Ndi. Aujourd’hui, Maurice Kamto se trouve dans cette position. Mieux, bien que sa candidature ait été exclue arbitrairement de la course à la présidence, son influence sur l’électorat reste importante et fait de lui un arbitre du jeu électoral en cours au grand dam des faux malins du pouvoir.

Au lieu de se battre pour un candidat unique, agissons pour que les candidats crédités d’un important électorat s’entendent pour désigner l’un d’entre eux. Là se trouve la responsabilité historique de ces candidats.

Le peuple camerounais ne leur pardonnera pas d’avoir saboter la seule possibilité paisible de libérer enfin le Cameroun d’une bande cruelle de prédateurs qui saignent notre pays et ses habitants. On peut supposer que le MRC de Maurice Kamto appellerait à voter pour ce candidat consensuel.

Nul doute que tous ceux qui prennent au sérieux leur volonté de changement voteront pour ce candidat. Dans ces conditions, la victoire de l’opposition serait plus qu’une hypothèse. Voilà comment l’éviction de Maurice Kamto de la course à la présidentielle se transformerait en un véritable boomerang pour les auteurs de cette forfaiture, quelle que soit la quantité d’hommes surarmés déversés dans nos rues.