Des révélations exclusives de Jeune Afrique exposent les tensions qui agitent le parti de l'opposant exclu du scrutin
Alors que Maurice Kamto entretient le mystère sur sa stratégie post-exclusion, son parti traverse une crise interne majeure. Selon des révélations exclusives du magazine Jeune Afrique, la réunion du Conseil national du MRC du 6 septembre a viré au "tumulte", révélant des fractures profondes au sein de la formation politique.
Jeune Afrique dévoile que "des échanges houleux ont agité le Mouvement pour la renaissance du Cameroun" ces derniers jours. Deux lignes de fracture se sont cristallisées lors de cette réunion cruciale : d'un côté, les partisans d'un soutien stratégique à l'opposition nordiste, de l'autre, les fidèles inconditionnels de Maurice Kamto.
"Ce serait un choix stratégique", confie à Jeune Afrique l'un des cadres favorables à un ralliement. "Nous nous sommes pleinement investis dans le Nord ces dernières années, et ces deux candidats portent les aspirations de cette partie du pays", explique-t-il, en référence à Bello Bouba Maïgari (UNDP) et Issa Tchiroma Bakary (FSNC).
Mais la ligne dure du parti a rejeté toute discussion. Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, certains militants ont rappelé qu'"aucun opposant ne s'était mobilisé pour s'opposer au rejet de la candidature de Kamto", justifiant ainsi qu'il n'y avait "pas lieu de faire des renvois d'ascenseur". La réunion a basculé dans le chaos "sur fond de soupçons de déloyauté".
Cette révélation de Jeune Afrique met en lumière l'amertume qui règne au sein du MRC après l'abandon perçu de Maurice Kamto par ses pairs de l'opposition lors de son exclusion par le Conseil constitutionnel.
Face à ces tensions, le MRC a finalement adopté une position d'attente. Dans une déclaration de son président par intérim Mamadou Mota, le parti affirme qu'il pourrait appuyer un candidat d'union, "à condition que ce dernier soit issu d'un accord entre au moins deux partis d'envergure".
Une condition que Jeune Afrique interprète comme une stratégie dilatoire : "Le parti chercherait-il à gagner du temps ?", s'interroge le magazine, suggérant que cette exigence pourrait être un moyen de reporter une décision difficile.
Malgré ces divisions internes, Jeune Afrique révèle que le MRC conserve un atout majeur souvent sous-estimé : sa capacité de mobilisation sur le terrain. Le parti "se targue de disposer de possibles scrutateurs dans près de 85 % des bureaux de vote", une infrastructure développée depuis l'élection contestée de 2018.
"Le Conseil constitutionnel les a coincés en 2018 sur le nombre de procès-verbaux qu'ils détenaient", rappelle à Jeune Afrique un opposant. "C'est pourquoi ils ont passé sept années à travailler leur maillage. Ça ne leur est plus utile aujourd'hui, mais ça reste un atout pour l'opposition."
Cette révélation de Jeune Afrique éclaire d'un jour nouveau les enjeux des négociations en cours : le MRC pourrait monnayer cette capacité logistique contre des concessions politiques de la part des autres candidats de l'opposition.