Après des semaines de silence depuis le rejet de sa candidature, le président du MRC Maurice Kamto s'apprête à reprendre la parole. Selon nos informations exclusives, il devrait rencontrer prochainement les principaux candidats de l'opposition, notamment ceux du Grand Nord. Une initiative qui pourrait redessiner les alliances en vue de la présidentielle du 12 octobre.


Depuis le rejet de sa candidature à l'élection présidentielle, Maurice Kamto avait choisi le silence, provoquant interrogations et critiques au sein de ses partisans. Certains y voyaient un mutisme "pesant", d'autres une attitude "méprisante et égoïste".

Mais selon nos informations exclusives, ce silence était en réalité stratégique. Le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) s'apprête à reprendre la parole "en temps opportun", suivant un calendrier qu'il s'était fixé dès l'annonce de l'invalidation de sa candidature.

Dans les prochains jours, Maurice Kamto devrait recevoir plusieurs grands candidats à l'élection présidentielle. Si la liste complète n'est pas encore dévoilée, tout porte à croire que les deux principales figures du Grand Nord - Bello Bouba Maigari (UNDP) et Issa Tchiroma Bakary - figureront parmi les personnalités reçues.


Cette initiative intervient à un moment crucial où l'opposition peine à s'unir face au pouvoir en place, malgré l'aspiration populaire au changement.

Selon plusieurs observateurs politiques, Maurice Kamto pourrait jouer un rôle déterminant dans la recomposition de l'échiquier politique. Face à deux candidats du Grand Nord aux profils complémentaires - Tchiroma plébiscité au Sud et dans l'électorat kamtiste, Bello Bouba disposant d'une "machine redoutable" dans sa région d'origine -, l'ancien candidat du MRC apparaît comme le seul capable de "siffler la fin de la récréation".


L'enjeu serait de pousser ces deux personnalités à s'entendre sur une candidature unique, faute de quoi Maurice Kamto pourrait "se retirer définitivement de cette course en vue de la recherche du candidat idoine".


Cette démarche de Kamto s'inscrit dans un contexte où les considérations communautaires prennent une importance croissante dans la politique camerounaise. Comme le souligne l'analyste Benjamin Zebaze, "après 43 années de Biyaisme, chaque acte est scruté à l'aune de cette réalité".


L'exemple de l'UDC de Ndam Njoya dans le Noun, victime selon certains d'ostracisme politique de la part d'autres formations de l'Ouest, illustre les risques d'une fragmentation de l'opposition sur des bases régionalistes.


Si la sortie de Maurice Kamto est attendue par ses partisans, elle n'est pas sans risques. D'un côté, son intervention pourrait faciliter l'émergence d'une candidature d'union capable de rivaliser avec le pouvoir. De l'autre, elle pourrait être perçue comme un désaveu par une partie de sa base militante, déjà frustrée par l'invalidation de sa candidature.

L'ancien ministre d'État se trouve ainsi face à un dilemme : préserver son leadership politique ou privilégier l'union de l'opposition, même au prix de concessions douloureuses.


Dans les milieux politiques, l'annonce de ces rencontres est scrutée avec attention. Elles pourraient marquer un tournant dans cette campagne présidentielle atypique, où l'opposition cherche encore ses marques après les turbulences liées aux invalidations de candidatures.

Pour Maurice Kamto, il s'agit de démontrer que son influence politique demeure intacte malgré son éviction de la course présidentielle, tout en œuvrant pour l'alternance qu'il a toujours appelée de ses vœux.