Actualités of Wednesday, 3 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : Comment "L'argent sur l'argent" a déclenché une révolte silencieuse des fonctionnaires

Léopold Bessiping Léopold Bessiping

La candidature fantoche de Léopold Bessiping à la présidentielle camerounaise a révélé l'ampleur du mécontentement des agents de l'État. De phénomène viral à symbole de résistance administrative, l'ancien enseignant a ouvert la voie à une contestation inédite du pouvoir par ses propres serviteurs. Enquête exclusive sur une révolution bureaucratique qui inquiète Yaoundé.

Ce qui devait rester une simple anecdote électorale s'est transformé en un mouvement de contestation sans précédent au sein de l'administration camerounaise. Jeune Afrique a pu documenter comment la candidature symbolique de Léopold Bessiping a cristallisé des années de frustration chez les fonctionnaires négligés par le régime de Paul Biya.



Les investigations de Jeune Afrique montrent que l'affaire Bessiping a déclenché un mouvement de solidarité inédit dans l'administration camerounaise. Dès sa sortie du Conseil constitutionnel, des milliers de fonctionnaires se sont reconnus dans son combat, révélant l'ampleur d'une crise sociale longtemps étouffée.



"À peine Léopold Bessiping avait-il quitté la salle d'audience qu'un élan de solidarité s'est manifesté", révèle Jeune Afrique. Cette mobilisation spontanée a touché "la société civile, des mécènes et ses collègues enseignants", témoignant d'une frustration collective face aux dysfonctionnements de l'État-employeur.


Jeune Afrique a mis en lumière le rôle crucial du Mouvement OTS (On a trop supporté) dans la diffusion des revendications de Bessiping. Cette organisation d'enseignants, qui réclame "la reconnaissance de leurs droits par l'État", a transformé le combat individuel de l'ancien professeur en cause collective.
Les révélations de Jeune Afrique indiquent que "l'indignation a même gagné l'ensemble des fonctionnaires se sentant négligés par le pouvoir". Cette extension du mécontentement au-delà du corps enseignant illustre la profondeur de la crise sociale dans l'administration camerounaise.



L'analyse de Jeune Afrique révèle comment Bessiping a utilisé les réseaux sociaux pour transformer sa revendication en phénomène culturel. Sa formule "l'argent sur l'argent" est devenue "virale", générant même un commerce de "répliques de son boubou beige rayé, 'la tenue du RFERE', vendues en ligne".
Cette stratégie de communication, documentée par Jeune Afrique, a permis à un simple retraité de 61 ans de devenir "celui que l'on appelle désormais 'L'argent sur l'argent'", interpellé "par des fans, invité à des fêtes ainsi que sur des plateaux".



Jeune Afrique révèle que cette mobilisation a porté ses premiers fruits avec une rapidité surprenante. Le ministre de la Fonction publique Joseph Lé a reçu Bessiping le 6 août, soit seulement deux jours après son passage devant le Conseil constitutionnel, "et a promis de réexaminer son dossier".
Plus significatif encore, Jeune Afrique documente comment le ministère des Finances l'a "convoqué le 11 août pour envisager une régularisation", aboutissant au versement de "plus de 6,5 millions de francs CFA". Cette réactivité gouvernementale contraste avec des années d'inaction sur le même dossier.


Jeune Afrique révèle que l'impact de l'affaire Bessiping a poussé le gouvernement à créer des mécanismes institutionnels d'urgence. "Dans la foulée, le ministère a publié un communiqué invitant toutes les personnes se trouvant dans une situation similaire à celle de Bessiping à se signaler via sa plateforme numérique AIGLES."
Cette initiative, rapportée en exclusivité par Jeune Afrique, suggère que les cas similaires à celui de Bessiping sont nombreux dans l'administration, confirmant l'ampleur de la crise sociale révélée par cette affaire.



Les sources de Jeune Afrique au sein de l'administration révèlent l'inquiétude croissante du pouvoir face à ce mouvement spontané. La rapidité avec laquelle les autorités ont réagi au cas Bessiping témoigne de la crainte d'une contagion revendicative dans l'ensemble de la fonction publique.



Cette révolution silencieuse des fonctionnaires, documentée par Jeune Afrique, pourrait redéfinir les rapports entre l'État camerounais et ses agents, ouvrant une nouvelle ère de contestation administrative au cœur même du système Biya.