Six ans après avoir flambé comme une merguez oubliée sur le grill, la Sonara - unique raffinerie du Cameroun et championne toutes catégories du coma industriel - tente un retour sur scène. Le 13 août, son conseil d’administration a sorti de son chapeau un plan de relance baptisé Parras 24, un nom qui évoque une opération commando… mais qui consiste surtout à espérer que les tuyaux se remettent à couler d’ici 2027. À condition, bien sûr, que les financements ne soient pas aussi volatils que le brut.
Retour sur le barbecue géant de 2019: quatre unités parties en fumée, un bac de brut évaporé, et une activité de raffinage mise en pause plus longtemps qu’un projet de métro à Douala. Depuis, Sonara carbure à l’importation, battant des records de dépendance avec une régularité digne d’un métronome en détresse.
Parras 24 : le come-back promis sous 24 mois
C’est beau, c’est ambitieux, c’est presque crédible. Le plan prévoit une production annuelle de 3,5 millions de tonnes, soit 1,4 million de plus qu’avant l’incendie. Pour y parvenir, on ressort les plans d’origine, on repeint les murs, et on croise les doigts. Le tout financé par un cocktail de soutien public et de partenariats privés, avec des banques internationales qui « auraient montré de l’intérêt » — ce qui, en langage diplomatique, signifie qu’elles ont ouvert un mail avant de le classer sans suite.
Et l’État dans tout ça ?
Il prélève 47,8 FCFA sur chaque litre de carburant vendu pour rembourser les dettes. Autrement dit, chaque fois que vous faites le plein, vous financez un PowerPoint.
Les dettes ? Un gouffre abyssal
488 milliards de FCFA à rembourser. C’est comme vouloir reconstruire Versailles avec un ticket resto. Et pendant que Sonara panse ses plaies, la SNH construit une nouvelle raffinerie à Kribi. Officiellement, pas de rivalité… mais dans les coulisses, ça sent le duel de pipelines à l’huile chaude.
Attention, mirage en vue
Parras 24 repose sur des financements extérieurs. Si les partenaires se défilent ou si les fonds publics s’évaporent comme du kérosène au soleil, le plan risque de rester un diaporama très bien animé, mais jamais exécuté.
La BEAC tire la sonnette d’alarme
La dépendance aux importations fragilise toute la zone CEMAC. En clair, si Sonara se relève, le Cameroun retrouve un semblant de souveraineté énergétique. Si elle échoue, ce n’est pas juste une panne locale… c’est un séisme économique avec répliques sur toute la sous-région.
En résumé : Parras 24, c’est un pari risqué, un peu comme miser sur un cheval boiteux dans une course truquée. Mais au moins, on aura eu le mérite d’y croire… ou de faire semblant.