Jeune Afrique révèle les dessous financiers de l'opération "Yaoundé intra-muros sans nids-de-poule" : un budget colossal débloqué en urgence par Paul Biya à quelques semaines du scrutin présidentiel.


L'enquête exclusive menée par Jeune Afrique dévoile l'ampleur financière de l'opération de charme lancée par le pouvoir camerounais dans la capitale. Selon nos révélations, près de 150 milliards de F CFA ont été mobilisés par le budget de l'État pour financer l'opération "Yaoundé intra-muros sans nids-de-poule", décrétée en urgence le 22 mai dernier par la présidence.



Nos investigations révèlent que cette enveloppe budgétaire exceptionnelle, équivalent à plusieurs années d'investissements routiers classiques, a été débloquée selon une procédure d'urgence inhabituelle. Jeune Afrique a pu établir que dix contrats ont été signés en gré à gré avec quatre entreprises de BTP et cinq municipalités, évitant ainsi les appels d'offres traditionnels qui auraient retardé les travaux au-delà de l'échéance électorale.



Cette stratégie financière massive contraste avec des années d'investissements limités dans les infrastructures urbaines de Yaoundé. Selon nos sources au ministère des Finances, jamais une telle somme n'avait été allouée aussi rapidement pour des travaux routiers dans la capitale.


Nos révélations montrent que Célestine Ketcha Courtès, ministre de l'Habitat et du Développement urbain, a été personnellement chargée par Paul Biya de superviser cette opération d'envergure. La mission confiée le 22 mai vise explicitement à "donner un meilleur visage" à Yaoundé, objectif qui coïncide parfaitement avec les enjeux de la campagne présidentielle.


L'investigation de Jeune Afrique révèle également que cette opération s'étend bien au-delà de Yaoundé, avec des projets similaires prévus dans d'autres villes stratégiques du pays, confirmant la dimension nationale de cette stratégie pré-électorale.


Jeune Afrique a pu documenter les conditions exceptionnelles de passation de ces marchés. L'urgence invoquée a permis de contourner les procédures habituelles de mise en concurrence, soulevant des questions sur la transparence et l'optimisation des coûts. Cette approche, justifiée par les autorités comme une réponse à "l'urgence urbaine", illustre parfaitement les mécanismes du clientélisme électoral à grande échelle.


Les 100 kilomètres de voiries concernés représentent un investissement de 1,5 milliard de F CFA par kilomètre, un coût qui interroge les experts en travaux publics sur l'efficience de cette dépense publique massive réalisée dans l'urgence électorale.