Actualités of Thursday, 28 August 2025

Source: www.camerounweb.com

Dossier explosif pour Issa Tchiroma en route pour Kondengui: le scandale des millions de la Camair rattrape l'ex ministre

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L'affaire Tchiroma-SAA dévoile les mécanismes opaques des partenariats aéronautiques africains. Entre corruption présumée et rivalités géopolitiques, retour sur un scandale qui illustre les défis de la coopération Sud-Sud.
L'affaire qui secoue actuellement la campagne présidentielle d'Issa Tchiroma Bakary révèle bien plus qu'un simple cas de corruption présumée. Selon les révélations exclusives de Jeune Afrique, elle met en lumière les complexités des partenariats économiques entre pays africains et les rivalités géopolitiques qui se jouent dans le secteur aéronautique continental.



Quand Air France perd face à South African Airways


Les documents révélés par Jeune Afrique montrent qu'en 1994, la rupture du contrat entre Camair et Air France ne relevait pas du hasard. Un rapport interne de la compagnie camerounaise accusait alors la compagnie française d'utiliser "frauduleusement" les avions pendant leur entretien. Cette décision s'inscrivait dans une logique de diversification des partenaires, privilégiant une coopération Sud-Sud avec l'Afrique du Sud post-apartheid.



Jeune Afrique révèle que le choix de South African Airways pour un contrat de 65 millions de dollars sur quatre ans marquait une volonté politique forte de s'affranchir de la tutelle française dans ce secteur stratégique. Cette décision intervient à un moment charnière, l'Afrique du Sud de Nelson Mandela cherchant à étendre son influence économique sur le continent.



Un système de commissions révélateur


Les investigations de Jeune Afrique dévoilent l'existence d'un système sophistiqué de rétrocommissions, orchestré via la société intermédiaire Advanced Technics Trust, dirigée par le Libanais Fouad Srouji. Ce montage révèle les pratiques courantes dans les contrats aéronautiques africains, où les intermédiaires jouent un rôle central dans la facilitation des accords.
Selon Jeune Afrique, SAA a versé environ 1,2 million d'euros de commissions à des responsables camerounais, illustrant comment les partenariats économiques africains peuvent être gangrenés par des pratiques opaques, affaiblissant la crédibilité de la coopération Sud-Sud.






L'arbitrage international, arme de récupération


L'enquête de Jeune Afrique révèle une stratégie juridique audacieuse du Cameroun : plutôt que d'attaquer SAA pour diffamation, Yaoundé choisit de reconnaître l'existence d'un "pacte de corruption" pour obtenir la nullité du contrat. Cette approche, validée par Paul Biya lui-même, aboutit à la saisine de la Cour arbitrale de Paris en 1996.



Cette stratégie, révèle Jeune Afrique, permet au Cameroun de récupérer 26 millions de dollars en 2004, démontrant comment les États africains peuvent utiliser le droit international pour protéger leurs intérêts face aux multinationales.