Le 19 août dernier, les autorités camerounaises ont décidé de faire un grand ménage dans leur registre maritime en rayant le Sky White, un bateau qui, malgré son nom immaculé, avait visiblement les cales pleines de mauvaises intentions. Officiellement enregistré comme navire de pêche depuis février 2024, le Sky White n’a pas pêché du thon, mais plutôt trois tonnes de cocaïne bien emballées, repérées au large des îles Canaries. Un coup de filet digne d’un blockbuster, orchestré par les marines espagnole, américaine et marocaine. Résultat : cinq matelots en garde à vue et un pavillon camerounais qui prend l’eau.
Le propriétaire du Sky White ? Mystère et boule de gomme. Mais le navire, lui, était déjà dans le viseur des agences internationales depuis 2024, soupçonné de faire partie d’un réseau de trafiquants marocains. Comme quoi, même les bateaux ont des antécédents judiciaires.
Le Cameroun, fidèle à sa réputation de distributeur automatique de pavillons, a cette année encore offert 27 licences de pêche à des navires étrangers. Et selon des ONG comme l’Environmental Justice Foundation, ce chiffre grimpe à plus de 200 si l’on inclut tous les types de bateaux. On ne sait pas si c’est du laxisme ou une stratégie de diversification économique, mais en tout cas, ça fait des vagues.
Déjà en 2023, l’Union européenne avait brandi le carton rouge pour dénoncer la mollesse du Cameroun face à la pêche illégale. Et en 2024, rebelote : plusieurs pays occidentaux soupçonnent le pays de prêter son pavillon à la flotte fantôme russe, histoire d’aider Moscou à écouler son pétrole malgré les sanctions. Le pavillon camerounais, c’est un peu le faux passeport du monde maritime.