Actualités of Wednesday, 27 August 2025

Source: www.camerounweb.com

C'est mort: mauvaise nouvelle pour les Camerounais, les résultats sont déjà connus

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Le philosophe de renom international fustige un contexte politique étouffant toute compétition électorale réelle, pointant du doigt l'éviction de Maurice Kamto et la candidature de Paul Biya pour un huitième mandat.



Alors que le Cameroun s'achemine vers une élection présidentielle hautement controversée le 12 octobre 2025, la voix critique d'Achille Mbembe, philosophe et essayiste camerounais de renommée mondiale, s'est élevée pour jeter un pavé dans la mare. Invité sur l'antenne de RFI dans l'émission « Le grand invité Afrique », l'intellectuel a catégoriquement affirmé qu'« aucune élection libre et indépendante n’est possible en ce moment au Cameroun », un verdict sans appel qui souligne les profondes entorses démocratiques à l'œuvre.

Dans cette interview percutante, Mbembe analyse sans concession les dynamiques politiques qu'il estime verrouillées au profit du pouvoir sortant. Pour lui, le processus électoral est d'ores et déjà faussé par deux éléments majeurs : l'éviction de l'opposant historique Maurice Kamto et la candidature du président Paul Biya, qui, à 92 ans et après plus de 42 ans au pouvoir, s'apprête à se faire imposer pour un huitième mandat consécutif.

« Le contexte politique ne permet pas d’envisager une ‘élection libre et indépendante’ », a insisté le penseur, également directeur de la Fondation de l’innovation pour la démocratie. Il dépeint un système où le jeu démocratique est confisqué, ne laissant aucune place à une compétition loyale et équitable. La candidature de M. Biya, orchestrée par son parti et toute l'administration d'État, ne serait ainsi pas le fruit d'un choix populaire mais celui d'un appareil visant à perpétuer un régime en place depuis 1982.

Au-delà du verrouillage institutionnel, Mbembe pointe un mal plus profond qui corrode le débat public camerounais : le tribalisme. « Il faut s’attaquer à la question du tribalisme et en finir avec la fixation contre les Bamilékés », a-t-il déclaré, faisant référence à des tensions ethniques historiques souvent instrumentalisées à des fins politiques. Cette polarisation, selon lui, transforme le scrutin en un plébiscite communautaire plutôt qu'en un débat d'idées, fragilisant encore un peu plus le tissu national.

Les propos d'Achille Mbembe résonnent comme un sévère avertissement. Ils dressent le portrait d'un pays au bord de l'implosion démocratique, où la tenue d'un scrutin dans un climat de méfiance généralisée et de manipulations ethniques risque d'aboutir à un résultat dont la légitimité sera inévitablement et largement contestée, tant à l'intérieur du pays qu'auprès de la communauté internationale. Une situation périlleuse pour la stabilité d'une nation déjà aux prises avec de multiples crises sécuritaires et sociales.