C’est la révélation qui fait l’effet d’une bombe au sein de la capitale. Le prisonnier Jean-Pierre Amougou Belinga a tout balancé, s’agissant de la somme de 40 millions de francs CFA remis à Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d’État et secrétaire général de la présidence de la République.
Depuis sa cellule de Kondengui, Jean-Pierre Amougou Belinga, un homme accusé dans l’affaire de la ligne budgétaire 94 et suspect dans l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, a affirmé à ses proches que les 40 millions de francs CFA remis à Ferdinand Ngoh Ngoh comme caution pour Paul Biya par les "jeunes cadres" ne provenaient pas des poches de ces derniers, mais bien des siennes.
Selon ses confidences, reprises par le lanceur d’alerte Paul Chouta, c’est Bruno Bidjang, quelqu’un connu comme étant son bras droit de longue date, qui serait allé chercher l’enveloppe directement à la prison, accompagné de certaines personnes. L’objectif, précise Chouta, est « d’amadouer le chef de l’État et d’obtenir une libération anticipée ».
Mais l’affaire prend une tournure encore plus sulfureuse. Bruno Bidjang aurait confié que Ferdinand Ngoh Ngoh lui a promis la liberté de son patron après les élections. Depuis, celui dont le nom revient dans les assassinats de Bryan Fombor et Martinez Zogo « se démène pour redorer l’image du SGPR ».
Selon la source, il s’agit bien d’une stratégie désespérée. « Bruno Bidjang sait que son propre rôle dans le meurtre de Martinez Zogo pourrait l’envoyer derrière les barreaux pour de longues années. D’où son acharnement à sauver Amougou Belinga et à se sauver lui-même », révèle Chouta.
En fait, selon les enquêtes, Bruno Bidjang avait envoyé un message à un indic, lui disant que lorsqu’ils vont attaquer Martinez Zogo, ce sera sans pitié. Quelques jours après ce message, la capture et la torture ont été sans pitié pour l’animateur radio.
Aussi, ces dernières semaines, Bruno Bidjang est très actif sur les réseaux sociaux, enchaînant des publications régulières qui abordent toutes l’élection présidentielle. Cela ferait partie de la vaste stratégie destinée à entrer de nouveau dans les petits calepins des décideurs. Ces publications enflammées de Bidjang sur la présidentielle de 2025 seraient directement téléguidées depuis la présidence. « Les textes sont parfois rédigés au cabinet civil, puis envoyés à Bidjang pour diffusion », avons-nous appris d’une source externe.
« Au-delà du scandale, l’affaire illustre une fois de plus l’ombre tentaculaire des réseaux politico-financiers camerounais, où la frontière entre pouvoir, argent et justice s’efface dangereusement. Cet acte d’Amougou Belinga, détenu dans un lieu où les conditions de détention sont souvent décriées, met en lumière la complexité des réseaux de pouvoir camerounais, où l'argent et la politique semblent inextricablement liés, dans un pays où la corruption est endémique », dénonce Paul Chouta.