EXCLUSIF - Les révélations de Jeune Afrique dévoilent comment la famille Moudiki s'est emparée du secteur pétrolier camerounais, illustrant une gouvernance dynastique qui échappe au contrôle gouvernemental.
Le Cameroun assiste à une prise de contrôle sans précédent de son secteur énergétique par une seule famille. Les révélations exclusives de Jeune Afrique mettent en lumière un système où le népotisme atteint des sommets, avec la nomination de Nathalie Moudiki à la tête de Cstar, la nouvelle entreprise chargée de construire la raffinerie de Kribi.
Comme le révèle Jeune Afrique, Nathalie Moudiki n'est autre que la fille d'Adolphe Moudiki, administrateur directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (SNH). Cette nomination à la direction générale de Cstar, l'entreprise porteuse du projet de raffinerie, illustre parfaitement les dérives d'un système où les postes stratégiques se transmettent en famille.
Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, le 17 juillet dernier, c'est donc la fille qui a procédé à la pose de la première pierre d'un projet énergétique majeur, tandis que son père supervise les hydrocarbures nationaux depuis la SNH. Une concentration du pouvoir familial qui interroge sur la transparence des processus de décision dans le secteur pétrolier camerounais.
Les révélations de Jeune Afrique permettent de comprendre les mécanismes de ce système endogène. La création de Cstar s'est faite "en collaboration avec Tradex, filiale de la SNH", dirigée par Adolphe Moudiki. Un circuit fermé où père et fille contrôlent les différents maillons de la chaîne décisionnelle.
Cette concentration familiale du pouvoir énergétique, révélée par Jeune Afrique, soulève des questions cruciales : comment garantir la transparence des appels d'offres quand les décideurs sont liés par des liens familiaux ? Comment s'assurer de l'optimisation des coûts dans un contexte où les intérêts privés et publics se confondent ?
Plus troublant encore, Jeune Afrique révèle que ce projet d'envergure nationale a été élaboré en marge des institutions officielles. Le Premier ministre Joseph Dion Ngute, pourtant chef du gouvernement, a été soigneusement tenu à l'écart des négociations, au point de nier publiquement l'existence du projet quelques semaines avant son lancement officiel.
Cette mise à l'écart délibérée, documentée par Jeune Afrique, révèle l'existence de réseaux parallèles de décision qui court-circuitent les institutions démocratiques. Quand les "enfants du système" peuvent lancer des projets de raffinerie sans en référer au gouvernement, c'est la légitimité même de l'action publique qui est remise en question.
L'affaire Cstar, telle que la décortique Jeune Afrique, n'est que la partie visible d'un iceberg plus large. Elle illustre un modèle de gouvernance où les postes clés du secteur énergétique sont accaparés par quelques familles influentes, créant un système de castes au sommet de l'État.
Cette "dynastisation" du pouvoir économique, révélée par les enquêtes de Jeune Afrique, pose la question de l'équité dans l'accès aux opportunités d'affaires au Cameroun. Comment un jeune entrepreneur lambda peut-il espérer concurrencer les "héritiers" du système quand les cartes sont distribuées d'avance ?
Alors que le Cameroun peine depuis 2019 à reconstruire la Sonara après l'incendie qui l'avait détruite, les révélations de Jeune Afrique montrent qu'une solution alternative émerge, mais sous contrôle familial strict. Un paradoxe qui résume à lui seul les contradictions d'un système où l'intérêt général passe après les arrangements privés.