Actualités of Wednesday, 13 August 2025

Source: www.camerounweb.com

URGENT: Les évêques débarque à Etoudi chez Paul Biya dans un contexte électoral tendu

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Une délégation de la Conférence épiscopale du Cameroun, conduite par Mgr Andrew Nkea, a été reçue ce mercredi 13 août 2025 par Ferdinand Ngoh Ngoh au Palais de l'Unité. Cette audience, qui s'inscrit dans une série de rencontres pré-électorales, relance le débat sur l'implication des autorités religieuses dans le processus politique.


Le Palais de l'Unité a accueilli ce mercredi une délégation du conseil permanent de la Conférence épiscopale du Cameroun, menée par son président, l'archevêque Andrew Nkea. Cette audience, accordée à la demande des prélats par le ministre d'État secrétaire général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, sur ordre du chef de l'État, s'ajoute à la série de rencontres organisées avec les personnalités influentes du pays à l'approche de l'élection présidentielle d'octobre.

Selon les informations officielles, les évêques ont mis l'accent sur leur "rôle de prier pour la paix avant et après l'élection présidentielle d'octobre". Cette déclaration, qui se veut apolitique, intervient néanmoins dans un contexte particulièrement chargé politiquement, où chaque prise de parole publique est scrutée à l'aune des enjeux électoraux.
La délégation épiscopale rejoint ainsi la liste des personnalités reçues récemment au Palais de l'Unité, après les imams du Conseil des imams et dignitaires musulmans (CIDIMUC) lundi 11 août, et les chefs traditionnels de la région de l'Ouest mardi 12 août.

Cette audience soulève inévitablement des interrogations sur la neutralité de l'Église catholique dans le processus électoral. Bien que les évêques aient souligné leur mission spirituelle de prière pour la paix, leur présence au Palais de l'Unité, dans le cadre d'une offensive de mobilisation orchestrée par Ferdinand Ngoh Ngoh, président du Comité stratégique chargé de la campagne de Paul Biya, ne passe pas inaperçue.

Cette situation fait écho aux polémiques récentes concernant l'implication d'autres figures religieuses et traditionnelles dans la campagne présidentielle, notamment l'affaire du jeune chef traditionnel de 12 ans qui avait suscité de vifs débats sur l'instrumentalisation politique des institutions coutumières.

L'Église catholique camerounaise, forte de son influence sociale considérable, se trouve dans une position délicate. D'un côté, elle revendique son rôle de gardienne de la paix sociale et de la réconciliation nationale. De l'autre, sa présence dans l'enceinte du pouvoir exécutif en période pré-électorale peut être interprétée comme un soutien implicite au régime en place.
Cette ambiguïté n'est pas nouvelle dans l'histoire politique camerounaise, où les autorités religieuses ont souvent joué un rôle d'interface entre le pouvoir et la société civile. Cependant, dans le contexte actuel d'une élection présidentielle où l'opposition peine à s'organiser, chaque geste symbolique prend une dimension particulière.

Pour le pouvoir en place, ces audiences successives avec les autorités religieuses et traditionnelles participent d'une stratégie de légitimation bien rodée. En s'appuyant sur ces relais d'influence naturels dans la société camerounaise, Ferdinand Ngoh Ngoh, en tant que stratège de campagne, cherche à construire un consensus autour de la candidature de Paul Biya.
L'insistance sur le rôle pacificateur de ces institutions s'inscrit dans une logique de stabilité, argument central de la communication présidentielle depuis plusieurs décennies.

Cette mobilisation des autorités religieuses et traditionnelles pose néanmoins des questions sur l'équité du processus électoral. L'opposition, déjà confrontée à de nombreuses difficultés organisationnelles, se trouve face à un appareil de mobilisation qui utilise les ressources de l'État et l'influence des institutions sociales traditionnelles.


La capacité de ces dernières à maintenir une réelle neutralité dans leurs communautés respectives constitue un enjeu démocratique majeur pour la crédibilité du scrutin d'octobre.

L'audience accordée aux évêques, bien qu'elle s'inscrive dans une démarche officiellement spirituelle, s'ajoute aux signaux d'une campagne qui mobilise tous les leviers d'influence disponibles. Cette stratégie, efficace sur le plan politique, soulève des interrogations durables sur la séparation entre le temporel et le spirituel dans la vie politique camerounaise.