Actualités of Wednesday, 13 August 2025

Source: www.camerounweb.com

Mort lente: les nouvelles ne sont pas bonnes pour Paul Biya et son camp, sortie remarquée de Mgr Samuel Kleda

Image illustrative Image illustrative

Au Cameroun, Mgr Samuel Kleda dénonce la « mort lente » du pays et appelle à l’alternance politique


À deux mois de l’élection présidentielle camerounaise, Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala, a publié une lettre pastorale cinglante sur « le climat social à l’approche du scrutin ». Ce texte, rendu public le 10 août, s’inscrit dans une série de prises de position critiques du prélat envers le pouvoir en place, notamment après sa déclaration sur RFI en décembre 2024, où il jugeait « irréaliste » une nouvelle candidature du président Paul Biya. Malgré la confirmation de la candidature de ce dernier, Mgr Kleda maintient sa position et alerte sur l’état du pays.


Dans sa lettre, Mgr Kleda dresse un constat sévère : « Notre pays est malade ». Il évoque un « malaise qui ronge » le Cameroun, alimenté par « des actes anti-évangéliques » tels que « la mauvaise gouvernance » et « la corruption », responsables d’une « pauvreté généralisée ». Parmi les symptômes concrets de cette crise, il cite « le délabrement du réseau routier » et « l’accès difficile à l’eau et à l’électricité », des problèmes qu’il attribue directement aux « plus hauts responsables politiques ».


L’archevêque dénonce surtout « l’entêtement à conduire la gestion de l’État » des dirigeants, qui « semblent ne plus savoir quoi faire » et privilégient « le clan, l’ethnie ou le lobby » au détriment des citoyens. Pour lui, seule « l’alternance politique » pourrait éviter « la mort lente du Cameroun ».
Un processus électoral entaché de « suspicion » et de « controverse »
La lettre pastorale s’attaque également à la crédibilité du processus électoral. Mgr Kleda y décrit « des élections dont les résultats sont connus d’avance, décidés par une poignée d’individus ». Il pointe « la violence institutionnelle, les intimidations, l’absence de transparence, de vérité et de justice », ainsi que « la suspicion et la controverse » entourant la validation des candidats — une référence implicite au rejet de la candidature de l’opposant Maurice Kamto.

Malgré ce tableau sombre, l’archevêque lance un message d’espoir, exhortant les Camerounais à « ne pas se décourager » et à « explorer de nouvelles voies pour sauver le pays ». Cette prise de position marque une défiance croissante de l’Église catholique envers le régime de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. Preuve de cette tension, le président a accordé, le 15 juillet, une rare entrevue au nonce apostolique, deux jours après avoir officialisé sa candidature.