Actualités of Friday, 8 August 2025

Source: www.camerounweb.com

RDPC : cellule cybernétique, les coulisses inédites de la machine de campagne de Paul Biya

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Derrière les mises en scène publiques et les déclarations d'unité, la campagne présidentielle de Paul Biya s'organise dans le plus grand secret. Des révélations exclusives de Jeune Afrique lèvent le voile sur les rouages complexes et les innovations inédites de cette machine électorale rodée depuis des décennies.



Jeune Afrique dévoile pour la première fois l'organisation précise de la campagne du RDPC. "Le 23 juillet, c'est Jean Nkuété, le secrétaire général du comité central du RDPC, qui signait une note précisant l'organisation, de la Commission nationale centrale de campagne aux commissions spéciales locales pour les zones stratégiques de Yaoundé et Douala – et de la diaspora."
Cette architecture révélée par Jeune Afrique montre une structure particulièrement hiérarchisée, avec une attention spéciale portée aux bastions urbains et à la diaspora camerounaise. La création de commissions spéciales pour Yaoundé et Douala témoigne de l'importance stratégique accordée à ces métropoles par l'état-major de campagne.



La révélation la plus saisissante de Jeune Afrique concerne l'introduction d'une dimension technologique inédite : "Nouveauté par rapport aux campagnes précédentes : une 'cellule cybernétique', chargée de la communication numérique, de la veille en ligne, de la lutte contre la désinformation et de la 'sécurisation des résultats face à d'éventuelles manipulations' a été mise en place."
Cette cellule cybernétique, révélée exclusivement par Jeune Afrique, marque une rupture dans l'approche traditionnelle du RDPC. Elle témoigne de la prise de conscience par le parti au pouvoir de l'importance cruciale des réseaux sociaux et de la guerre informationnelle dans la campagne moderne.

Jeune Afrique révèle la composition détaillée de l'équipe dirigeante : "Jean Nkuété, secrétaire général du comité central du RDPC, en est le président, et assumera le rôle de coordonnateur national de campagne. Il est secondé par son adjoint, Grégoire Owona, nommé vice-président."

L'enquête de Jeune Afrique dévoile également les autres membres clés : "Gilbert Tsimi Evouna, Geneviève Tjoues, vice-présidente du Sénat, Yaou Aïssatou, présidente du bureau national de l'Organisation des femmes du RDPC, ou encore l'ancien gouverneur Bernard Wongolo." Cette équipe "très fournie" compte "un peu plus d'une dizaine de membres, dont cinq 'rapporteurs'."

Jeune Afrique dévoile les coulisses de la mobilisation des chefs traditionnels, illustrée par l'événement du 6 août au Palais de l'unité. "Une trentaine de leaders des grandes familles du Grand Sawa et une vingtaine gardiens du Ngondo se sont présentés, vêtus de leurs habits et attributs de pouvoir traditionnels, pour 'raviver le pacte historique' qui lie le chef de l'État aux représentants du peuple Sawa."

Cette orchestration minutieuse révélée par Jeune Afrique montre comment le RDPC instrumentalise les autorités traditionnelles pour légitimer la candidature de Paul Biya. La mise en scène, avec les "habits et attributs de pouvoir traditionnels", vise à ancrer la campagne dans une dimension culturelle et historique.

L'enquête de Jeune Afrique révèle également les détails croustillants de certains événements de campagne. La prestation de Robert Nkili, vice-président du Sénat âgé de 80 ans, à Akonolinga est particulièrement révélatrice : "Vêtu d'une chemise en pagne à l'effigie de Paul Biya, il esquisse quelques pas de danse avant de se tourner vers la chorale, micro en main, et de se lancer dans un court solo vocal parfaitement exécuté."

Jeune Afrique précise que "la messe a pris rapidement des allures de meeting à la gloire du chef de l'État sortant", illustrant parfaitement la stratégie de sacralisation du candidat-président à travers des événements religieux détournés.

Les révélations de Jeune Afrique montrent l'ampleur de la mobilisation orchestrée par Ferdinand Ngoh Ngoh : "Les soutiens et fidèles du chef de l'État multiplient depuis les événements pour mobiliser toutes les couches de la population." Cette stratégie englobe les jeunes, les chefs traditionnels, les femmes et même la diaspora.

Jeune Afrique dévoile que Ngoh Ngoh a "multiplié les rencontres médiatiques, recevant un jour des représentants d'organisation de jeunes, menant un autre des tournées dans les régions clés du pays." Cette hyperactivité révèle une approche de campagne permanente, bien avant l'ouverture officielle de la période électorale.

Malgré cette organisation impressionnante, Jeune Afrique souligne la fragilité de l'édifice : "L'officialisation de la candidature de Paul Biya, le 13 juillet dernier, a permis de resserrer les rangs. Au moins en apparence." Cette nuance révèle que derrière la machine bien huilée se cachent des tensions que l'organisation de campagne peine à masquer.

La création de la cellule cybernétique révélée par Jeune Afrique témoigne d'une prise de conscience tardive mais réelle des enjeux numériques. Cette innovation marque une tentative d'adaptation d'un parti vieillissant aux réalités de la communication moderne, dans un contexte où l'opposition utilise massivement les réseaux sociaux.

Ces révélations exclusives de Jeune Afrique offrent un aperçu unique de la complexité organisationnelle d'une campagne présidentielle au Cameroun, mêlant traditions ancestrales et innovations technologiques dans une course effrénée vers un huitième mandat.