Sur la situation politique actuelle, le journaliste Cyrille Ekwala estime que la victoire de Maurice Kamto est d’abord celle de l’éveil d’un peuple. Le confrère ne fait pas économie de son opinion.
Après l’épisode politique des années 90, il aura fallu que Maurice Kamto se présente dans l’arène politique — à partir de 2012 — porté par un parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun - Cameroon Renaissance Movement, pour qu’un bruissement se fasse de nouveau entendre dans le cours de l’histoire politique du Cameroun.
En 2018, candidat à l’élection présidentielle, il devient, en un claquement de doigts, le principal adversaire du régime en place. Désormais "le politique à abattre", il entre dans une zone de turbulences où s’effacent les règles du jeu démocratique.
Dans la course, il sera battu — avec d’autres — mais surtout brisé dans son élan, entravé, emprisonné, diabolisé. Le message est clair : oser défier l’ordre établi coûte cher. Pourtant, son nom, son visage et son engagement ont depuis lors durablement redéfini l’opposition politique au Cameroun.
Maurice Kamto ne lâche pourtant rien. Et plus il est diabolisé, plus les adhésions se cristallisent autour de sa personne. Toutes les entraves — administratives, politiques, judiciaires — sont mises en branle pour lui barrer la route vers la présidence. Car il n’y a désormais plus de doute : il est la seule figure capable d’ébranler le pouvoir vieillissant en place. Et cela, les tenants de l’ordre établi, mais surtout les principaux bénéficiaires de ce régime — jouisseurs impunis et pilleurs méthodiques des richesses du Cameroun — ne l’entendent pas de cette oreille.
"Il faut éliminer Kamto. À tout prix. Et par tous les moyens."
Investi dans la course à la présidentielle du 12 octobre 2025 par le Manidem — un parti dont le leadership ne dispose ni de légitimité politique ni de légalité statutaire — Maurice Kamto s’est vu éliminer de la course.
Éliminé par la politique et non par le droit ; ce qu'on aurait attendu du Conseil constitutionnel du Cameroun qui a estimé "le recours du Manidem, non fondé". Et par conséquent, le rejet de la candidature de Maurice Kamto. Difficile de ne pas le reconnaître.
La démocratisation politique du Cameroun vient de faire un grand bond… en arrière. Dommage. À contrario, la conscience politique du peuple, ces Camerounaises et Camerounais qui se sont réintéressés à la chose publique au cours des dix dernières années, s’est sans aucun doute décuplée.
Et c’est peut-être là la véritable victoire de Maurice Kamto : celle d’un éveil citoyen camerounais désormais impossible à endormir.