L'audience du 4 août 2025 au Palais des Congrès restera gravée dans les annales du contentieux électoral camerounais. Ce jour-là, entre huis clos judiciaire et manifestations à l'extérieur, s'est joué le sort politique de Maurice Kamto et de plusieurs autres candidats à la présidentielle. Retour sur une journée de haute tension qui a confirmé l'exclusion définitive de l'ancien leader du MRC de la course à la magistrature suprême.
Dès les premières heures de la matinée, l'ambiance était électrique aux abords du siège du Conseil constitutionnel. Plus d'une centaine de militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et de sympathisants du Manidem s'étaient rassemblés pour soutenir Maurice Kamto. Armés de pancartes et scandant des slogans hostiles contre ce qu'ils qualifiaient de "hold-up électoral", les manifestants ont rapidement fait face à un impressionnant déploiement des forces de l'ordre. La tension est montée d'un cran lorsque des heurts ont éclaté entre les partisans de Kamto et les policiers, contraignant ces derniers à faire usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule. Plusieurs manifestants ont été interpellés dans la confusion, donnant le ton d'une journée qui ne serait pas ordinaire.
À l'intérieur du Palais, l'atmosphère n'était guère plus sereine. Les avocats se sont succédé à la barre dans un climat de tension palpable, chacun tentant de faire valoir ses arguments face à la question cruciale de la "pluralité d'investitures" qui empoisonnait le dossier Manidem. Me Moustapha Ngouana, conseil de Maurice Kamto, n'a pas mâché ses mots, ironisant sur les pièces du dossier de Dieudonné Yebga : "Dans quel dossier de candidature a-t-on vu une telle formule ? Qui reçoit les subventions du Manidem ? Dieudonné Yebga ou Anicet Ekane ?" Cette charge directe illustrait parfaitement la bataille juridique acharnée qui se livrait. Anicet Ekane, visiblement agacé par le déroulement des débats, n'a pas hésité à qualifier l'audience de "mauvais théâtre", traduisant l'exaspération du camp Kamto face à une procédure qu'ils jugeaient biaisée dès le départ.
Contrairement à 2018 où les audiences du contentieux pré-électoral avaient été retransmises en direct sur la CRTV, permettant aux Camerounais de suivre les débats, cette fois-ci le président Clément Atangana avait interdit toute diffusion télévisée. Cette décision, prise malgré la demande d'autorisation formulée par la chaîne publique, a privé le public d'un accès direct aux échanges, renforçant le sentiment d'opacité autour de cette procédure cruciale. C'est donc dans cette semi-clandestinité médiatique que le juge rapporteur Aaron Logmo Mbeleck a recommandé le rejet pur et simple de toutes les candidatures présentées sous la bannière du Manidem, arguant que le Conseil constitutionnel ne devait pas s'immiscer dans les affaires internes des partis politiques. Un argument qui a finalement emporté l'adhésion des onze membres du Conseil, scellant définitivement le sort de Maurice Kamto et confirmant que cette journée du 4 août marquait bien la fin de ses ambitions présidentielles pour 2025.