Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique au lendemain de la validation de sa candidature présidentielle, Cabral Libii Li Ngué, président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), lève le voile sur les obstacles administratifs qu'il affirme subir depuis l'annonce de sa candidature pour l'élection présidentielle d'octobre prochain.
Selon les révélations exclusives faites à Jeune Afrique, le candidat de 44 ans dénonce ce qu'il qualifie de "persécutions orchestrées par le ministère de l'Administration territoriale". L'exemple le plus frappant concerne l'interdiction des activités du PCRN dans la région de l'Adamaoua, mesure prise en février dernier et qui continue de peser sur la campagne du parti.
Cette région, située au centre du Cameroun et considérée comme stratégique pour les élections, se trouve ainsi fermée aux activités politiques du PCRN, privant le parti d'un terrain d'expression important dans sa quête de voix pour la présidentielle.
Malgré ces difficultés administratives, Cabral Libii se félicite auprès de Jeune Afrique du soutien qu'il trouve dans l'appareil judiciaire. "La bordélisation de la République n'affecte pas tous les corps et, heureusement, le corps de la justice est resté jusqu'ici correct envers nous, envers l'État de droit", confie-t-il dans cet entretien exclusif.
Cette déclaration prend tout son sens dans le contexte des batailles juridiques que le leader du PCRN a dû mener contre Robert Kona, l'un des fondateurs de son propre parti. Kona avait saisi la justice pour contester le leadership de Cabral Libii et tenter de présenter une candidature concurrente. Les tribunaux ont donné raison au président du PCRN, validant sa légitimité à la tête du parti.
Ces révélations de Jeune Afrique mettent en lumière la double bataille que mène Cabral Libii : d'un côté contre l'administration qui, selon lui, multiplie les entraves à ses activités politiques, de l'autre devant les tribunaux où il trouve davantage de succès. Cette stratégie de résistance judiciaire semble porter ses fruits, puisque sa candidature a finalement été validée malgré les recours déposés par ses opposants internes.
Le contraste que dresse le candidat entre un pouvoir exécutif qu'il accuse d'orchestrer des "persécutions" et un pouvoir judiciaire qu'il juge "correct" révèle une lecture nuancée du système politique camerounais. Une analyse qui pourrait influencer sa stratégie de campagne dans les mois à venir.