Actualités of Friday, 25 July 2025

Source: www.camerounweb.com

Rejet de la candidature de Paul Biya: un tremblement de terre annoncé au Cameroun

Paul Biya Paul Biya

À quelques heures de la proclamation officielle de la liste des candidats retenus pour l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, une polémique juridique majeure éclate autour de la candidature du président sortant Paul Biya. Le président du parti Heritage, Christian Ntimbane Bomo, conteste la validité du dossier de candidature déposé par le Secrétaire général du RDPC, Jean Kuete (alias Mvondo Ayolo), auprès d'Elecam.

Dans une lettre ouverte adressée au Conseil électoral, Christian Ntimbane Bomo soulève une question de procédure fondamentale : l'absence d'acte formel d'investiture du Comité central du RDPC. Selon lui, cette pièce est pourtant obligatoire au regard des statuts du parti au pouvoir.

"Le dossier de candidature 'au nom' de Monsieur Paul Biya n'est pas accompagné de l'acte formel d'investiture du Comité central du RDPC", écrit le président d'Heritage, précisant que "seul le Comité Central du RDPC est habilité à investir les candidats du RDPC aux élections nationales et locales".

L'article 23 des statuts du RDPC est au centre de cette controverse. Il stipule clairement que "le Comité Central est l'organe chargé d'assurer la direction du parti" et qu'il "accorde l'investiture du parti à l'occasion des élections nationales ou locales". L'élection présidentielle étant une élection nationale, cette disposition s'appliquerait donc mécaniquement.

Bien que l'article 27 des statuts fasse de Paul Biya le "candidat de droit du RDPC à l'élection présidentielle", Christian Ntimbane Bomo argue que cela n'exempte pas de la procédure formelle d'investiture par le Comité central.

Le président d'Heritage souligne qu'aucune convocation des 500 membres statutaires du Comité central n'a été documentée. Il rappelle que selon l'article 61 du règlement intérieur du RDPC, "le Comité Central se réunit deux fois par an sur convocation du Président National qui le préside et arrête l'ordre du jour de ses réunions".

Plus troublant encore selon lui, l'article 63 du règlement intérieur exige que "les décisions du Comité Central soient publiées sous forme de communiqués de presse". Or, aucun communiqué de ce type n'aurait été diffusé concernant une éventuelle investiture de Paul Biya.

Christian Ntimbane Bomo suggère que l'acte d'investiture présent dans le dossier aurait été signé par le Secrétaire général du RDPC et non par le Président national, seul habilité selon lui à signer l'acte de la réunion d'investiture du candidat du parti.

Fort de ces arguments juridiques, le président d'Heritage demande au Conseil électoral de "rejeter la déclaration de candidature 'au nom' du Président Paul Biya, pour défaut d'acte d'investiture du Comité central du RDPC", invoquant le principe du "traitement égal des dossiers de candidature".

Cette contestation place Elecam dans une position délicate. L'institution électorale devra trancher entre une lecture stricte des textes statutaires du RDPC et les considérations politiques d'une candidature de fait du président sortant. La décision prise pourrait créer un précédent important pour le fonctionnement démocratique du pays.