Les mots prémonitoires du leader nationaliste résonnent avec une troublante actualité

Plus de soixante ans après sa mort, les paroles visionnaires de Ruben Um Nyobé, figure emblématique de l'indépendance camerounaise, résonnent avec une actualité saisissante. Dans un texte prophétique retrouvé dans les archives historiques, le leader de l'Union des Populations du Cameroun (UPC) avait prédit avec une précision troublante l'évolution politique et sociale du Cameroun.

Dans ce document intitulé "La Prophétie de Um Nyobé", le héros national exprime un refus catégorique de toute forme de compromission : "Je ne peux accepter en l'état, une prise du pouvoir dans le seul souci de protéger les intérêts du colon tout en trahissant le pacte patriotique et républicain qui lie tous les fils de notre cher pays ceci par la dissolution pure et simple du nationalisme."
Ces mots, empreints d'une détermination farouche, témoignent de la vision intransigeante de Um Nyobé concernant l'indépendance véritable du Cameroun.

Le leader nationaliste esquisse ensuite un tableau sombre de l'avenir du pays : "Le faisant, le peuple Bassa dont je suis issu jouira alors de tous les privilèges du colon mais qu'adviendra-t-il des autres membres de notre collectivité ?"

Cette interrogation révèle sa préoccupation pour l'unité nationale et son refus de privilégier sa communauté d'origine au détriment des autres.

Um Nyobé décrit avec une précision prophétique les maux qui frapperont le Cameroun :
"En effet, comme le veut le Cameroun mystique et profond, le premier règne ira chez les longues robes leur règne sera long. Ensuite, viendront les feuilles de manioc, leur règne sera plus long que celui des longues robes."
Cette métaphore cryptique semble faire référence aux différentes phases de gouvernance que connaîtra le pays.

Le visionnaire poursuit avec des prédictions alarmantes : "Il y aura beaucoup de souffrance en cette période... beaucoup de désordre. On vous vendra des vêtements, de la nourriture et bien d'autres choses dans les maisons, mais il n'y aura pas d'argent pour en acheter."

Ces mots résonnent particulièrement dans le contexte économique actuel du Cameroun, marqué par les difficultés du pouvoir d'achat et la précarité grandissante.

Um Nyobé prédit également l'émergence de tensions sociales : "Il y aura une faiblesse remarquable du pouvoir d'achat des citoyens, la misère sera ambiante et quelques privilégiés du système de prévarication mis en place auront droit au soleil, ce qui créera un profond malaise social."
Cette analyse anticipée des inégalités sociales et de la corruption systémique frappe par sa justesse.

Malgré ce tableau sombre, la prophétie se termine sur une note d'espoir : "Puis apparaîtra aux yeux de tous, celui qui viendra restaurer le développement durable, la souveraineté de notre Nation pour laquelle nous posons ici les jalons."

Um Nyobé décrit ce futur leader comme "un homme providentiel" qui "viendra de nulle part" et sera "vêtu d'un court pagne, tenant un chasse mouches, jeune, philosophe, intellectuel, magicien et polyglotte."

Cette prophétie, qu'elle soit authentique ou apocryphe, illustre la dimension mythique que revêt la figure de Um Nyobé dans l'imaginaire collectif camerounais. Elle traduit également l'attente d'un renouveau politique et social dans un pays en quête de ses repères.