Jeune Afrique dévoile les préoccupations croissantes de l'entourage de Paul Biya concernant l'implication réelle du président dans sa propre campagne et sa capacité à assumer un nouveau mandat.
Candidat à sa propre succession, Paul Biya suscite paradoxalement l'inquiétude dans son propre camp. Jeune Afrique a recueilli des témoignages exclusifs révélant les doutes croissants au sein de l'entourage présidentiel sur la capacité du chef de l'État à mener campagne et à gouverner pour un nouveau mandat de sept ans.
Cette situation inédite place le régime camerounais dans une position délicate : comment défendre la candidature d'un président dont l'implication personnelle semble de plus en plus limitée ? Nos investigations révèlent que cette préoccupation constitue désormais "le principal sujet" de discussion au sein du camp présidentiel.
Jeune Afrique révèle que Paul Biya est resté "en retrait des préparatifs autour de sa propre candidature". Cette distance avec l'organisation de sa campagne contraste avec les pratiques habituelles et alimente les spéculations sur son état de santé et sa motivation réelle à briguer un nouveau mandat.
L'annonce de candidature elle-même illustre cette problématique : selon nos sources exclusives, le texte de la "Déclaration de candidature" a été entièrement rédigé par les équipes de Samuel Mvondo Ayolo et Oswald Baboke, sans implication directe du président. Cette pratique, bien que compréhensible, soulève des questions sur le degré d'autonomie du chef de l'État dans les décisions importantes.
Jeune Afrique a pu identifier plusieurs éléments qui nourrissent ces préoccupations au sein du camp présidentiel. Le report sans explication du sommet conjoint de la CEEAC et de la Cemac, prévu le 18 juillet, a particulièrement marqué les esprits. Cet événement diplomatique majeur, traditionnellement géré directement par le président, a été annulé sans justification officielle.
La polémique s'est accentuée après que la déclaration de candidature a été diffusée uniquement sur les réseaux sociaux, sans apparition publique du président. Cette stratégie de communication, bien que maîtrisée techniquement, renforce l'impression d'un président déconnecté de sa propre campagne, confient nos sources proches du palais.
Une stratégie de réassurance
Face à ces inquiétudes, Jeune Afrique révèle que l'entourage présidentiel a mis en place une stratégie de "réassurance" visant à multiplier les apparitions publiques de Paul Biya. Cette opération de communication s'est concrétisée par la diffusion télévisée de l'audience accordée au nonce apostolique José Avelino Bettencourt le 15 juillet.
Nos informations exclusives révèlent également que le président a signé plusieurs actes concernant la carrière de hauts gradés de l'armée, notamment Joseph Fouda, dans le but de démontrer sa capacité à assumer ses fonctions régaliennes. Ces "apparitions destinées à rassurer son entourage" témoignent de la gravité des préoccupations internes.
Jeune Afrique apprend que la session du bureau politique du RDPC, prévue le 18 juillet, constitue un test crucial pour l'entourage présidentiel. Cette réunion, suivie d'un Conseil supérieur de la magistrature "très attendu", doit permettre d'évaluer la capacité du président à présider personnellement des instances importantes.
Selon nos sources au sein du parti, cette session revêt une importance particulière car elle pourrait déterminer le niveau d'implication de Paul Biya dans la suite de la campagne présidentielle. L'enjeu dépasse la simple communication : il s'agit de rassurer les cadres du régime sur la viabilité d'un nouveau mandat présidentiel.
Cette situation inédite soulève des questions fondamentales sur la gouvernance du Cameroun, révèle Jeune Afrique. Si le président se montre peu impliqué dans sa propre campagne, comment pourra-t-il assumer pleinement les responsabilités d'un nouveau mandat de sept ans ? Cette interrogation traverse désormais tous les niveaux du régime.
Nos investigations révèlent que certains cadres du parti commencent à s'interroger sur les modalités concrètes d'exercice du pouvoir en cas de réélection, une préoccupation qui pourrait influencer la mobilisation de l'électorat présidentiel et l'engagement des responsables politiques dans la campagne.