Le Cameroun vient de franchir un pas décisif dans la reprise en main de ses secteurs stratégiques. L’État a officialisé le rachat des 30 % d’actions détenus par le groupe français Geocoton dans la Société de développement du coton (Sodecoton), marquant ainsi la nationalisation totale de cette entreprise clé, troisième producteur africain de coton.
Cette opération s’inscrit dans une volonté affichée de mieux valoriser les matières premières nationales, notamment dans la filière textile. Alors que le Cameroun était habitué, sous les précédentes administrations, à des privatisations controversées, cette décision marque un revirement politique majeur.
Derrière cette manœuvre, un homme : Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la Présidence (SGPR). Depuis son arrivée à ce poste en 2012, il s’est imposé comme le véritable pilote des dossiers stratégiques du régime Biya. Sous son impulsion, le Cameroun multiplie les rachats d’actifs précédemment cédés à des multinationales.
Ngoh Ngoh, l’homme fort de la souveraineté économique
Proche indéfectible de Paul Biya, Ferdinand Ngoh Ngoh a consolidé son influence en supervisant des projets sensibles, comme la gestion des stocks d’or confiée à la Caisse des dépôts et consignations – une décision qui lui a valu des tensions au sein de l’appareil étatique.
Aujourd’hui, avec la nationalisation de la Sodecoton, il confirme sa ligne : reprendre le contrôle des leviers économiques du pays. Une approche qui tranche avec l’ère des privatisations massives et qui pourrait servir d’argument politique en vue d’une éventuelle réélection de Paul Biya.
Le gouvernement promet une nouvelle stratégie industrielle pour transformer localement le coton, plutôt que de l’exporter à l’état brut. Si cette ambition se concrétise, elle pourrait dynamiser l’emploi et réduire la dépendance aux importations textiles.