Le Cameroun pleure ce samedi la disparition de Jules Marcellin NDJAGA, figure emblématique de l'administration territoriale camerounaise. L'ancien gouverneur de la région du Sud, âgé de 65 ans, s'est éteint dans la nuit du vendredi 28 au samedi 29 juin 2025 à l'hôpital central de Yaoundé, des suites d'une longue maladie.

Originaire de Monatélé dans le département de la Lékié (région du Centre), le défunt était diplômé de l'École nationale d'administration et de magistrature (ENAM) en 1984. Sa disparition marque la fin d'une carrière de 23 années au service de l'État camerounais, parcours qui l'aura mené des postes de préfet jusqu'au prestigieux poste de gouverneur.


Jules Marcellin NDJAGA débute sa carrière administrative en 1992 comme préfet du département de la Kadey à Batouri, dans la région de l'Est. Cette première affectation marque le début d'un parcours professionnel qui le conduira progressivement vers les plus hautes fonctions de l'administration déconcentrée.
Reconnu pour sa rigueur et son sens du service public, il gravit les échelons de la hiérarchie administrative camerounaise. Ses collègues de l'époque se souviennent d'un homme méticuleux, attaché aux procédures et soucieux de l'efficacité de l'action publique dans les territoires sous sa responsabilité.
"Le doyen des préfets qu'il était a enfin été nommé gouverneur", témoignent les sources proches de la famille, évoquant une promotion longtemps attendue et méritée après près de deux décennies de service dévoué à l'État.

Le 5 février 2010, un décret présidentiel élève Jules Marcellin NDJAGA au rang de gouverneur de la région du Sud, consacrant ainsi l'aboutissement de sa carrière administrative. Cette nomination réjouit particulièrement son père, Prosper MBASSI, ancien maire de Monatélé, qui voyait en cette promotion la reconnaissance du travail accompli par son fils.

Cependant, son mandat à la tête de la région du Sud ne sera pas exempt de controverses. Accusé par ses détracteurs d'outrepasser ses prérogatives administratives pour s'immiscer dans les affaires internes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, Jules Marcellin NDJAGA voit sa réputation ternie par ces polémiques.

Ces accusations d'ingérence politique conduiront à sa mise à la retraite anticipée le 23 octobre 2015, décision qui fut accueillie favorablement par une partie des populations d'Ebolowa et de la région du Sud. Cette fin de mandat prématurée reste l'épisode le plus controversé de sa carrière administrative.

Après sa retraite de l'administration territoriale, Jules Marcellin NDJAGA ne quitte pas totalement la sphère publique. Il est élu conseiller régional du Centre, où il occupe également les fonctions de questeur, responsabilité qui témoigne de la confiance que lui accordaient encore ses pairs malgré les polémiques passées.

Cette nouvelle fonction lui permettait de mettre son expérience administrative au service du développement régional, domaine qu'il connaissait parfaitement après plus de deux décennies passées dans la territoriale.




L'héritage de Jules Marcellin NDJAGA dans l'administration camerounaise reste contrasté. D'un côté, sa longévité dans les postes de responsabilité témoigne de ses compétences techniques et de sa connaissance approfondie des rouages administratifs. De l'autre, les polémiques de fin de carrière questionnent sur les limites entre fonction administrative et engagement politique.
Sa disparition intervient à un moment où le Cameroun réfléchit sur la modernisation de son administration territoriale et le renforcement de la gouvernance locale. Les leçons tirées de son parcours, tant positives que négatives, pourraient nourrir ces réflexions sur l'avenir de la décentralisation camerounaise.

Jules Marcellin NDJAGA laisse derrière lui son épouse et trois enfants. Les obsèques auront lieu prochainement à Monatélé, son village natal, où il sera inhumé selon la tradition familiale.