L'ancien ministre démissionnaire essuie de vives critiques après l'annonce de sa candidature présidentielle. Bruno Bidjang l'accuse d'opportunisme et de "volte-face" politique.
La démission d'Issa Tchiroma Bakary du gouvernement et son annonce de candidature à l'élection présidentielle d'octobre 2025 continuent de diviser la classe politique camerounaise. Dans une sortie particulièrement virulente, Bruno Bidjang a vertement critiqué l'ancien ministre de l'Emploi et de la Formation Professionnelle, l'accusant d'opportunisme et de trahison envers le régime qui l'a porté.
Bruno Bidjang n'a pas épargné Issa Tchiroma Bakary dans une déclaration rendue publique vendredi. Selon lui, la démission de l'ancien membre du gouvernement relèverait davantage d'une "volte-face" que d'une véritable rupture politique motivée par des convictions.
"Vous n'avez pas servi le Cameroun. Vous vous êtes servi du régime pour exister", lance Bidjang dans son réquisitoire, reprochant à Tchiroma d'avoir "mordu la main qui l'a nourri". Il estime que l'ancien ministre aurait largement profité de ses fonctions gouvernementales durant ses années au pouvoir.
Un "réflexe de survie" politique
Pour Bruno Bidjang, le repositionnement d'Issa Tchiroma ne serait qu'un "simple réflexe de survie" face à un contexte politique en évolution. Il conteste toute dimension idéologique dans cette démarche, y voyant plutôt un calcul opportuniste.
"Votre revirement n'est pas une rupture politique. C'est un réflexe de survie. Vous fuyez un navire que vous croyez en difficulté, sans jamais reconnaître que vous en avez été l'un des principaux navigateurs", écrit-il dans sa déclaration.
L'attaque de Bruno Bidjang se concentre particulièrement sur le parcours gouvernemental d'Issa Tchiroma. Il rappelle que ce dernier a "passé près de deux décennies dans les hautes sphères de l'État" en tant que "ministre à répétition" et "chantre bruyant du régime".
Bidjang évoque notamment les "envolées contre l'opposition" et les "justifications parfois grotesques des choix les plus impopulaires" qu'aurait portées Tchiroma durant ses mandats ministériels, suggérant une incohérence avec son positionnement actuel d'opposant.
Dans son réquisitoire, Bruno Bidjang qualifie Issa Tchiroma d'"opposant de la 25ème heure", remettant en question la sincérité de sa conversion politique. Il estime que l'ancien ministre tente de "se réinventer" alors qu'il croit que "les vents tournent", qualifiant cette démarche de "pathétique".
"Maintenant que vous croyez que les vents tournent, vous essayez de vous réinventer en opposant de la 25ème heure", écrit Bidjang, suggérant que cette transformation serait motivée par le calcul plutôt que par la conviction.
Une défense du régime en place
Au-delà des attaques personnelles contre Tchiroma, Bruno Bidjang défend également le régime en place. Il affirme que "le navire Cameroun tient bon" et "avance, avec méthode, avec vision, avec une stabilité que bien des nations nous envient".
Cette prise de position illustre les lignes de fracture qui traversent actuellement l'élite politique camerounaise à l'approche de l'élection présidentielle d'octobre 2025.
La polémique entre Bruno Bidjang et Issa Tchiroma soulève des questions plus larges sur la loyauté politique et les changements d'alliance dans le paysage politique camerounais. Elle met en lumière les tensions qui émergent au sein de l'ancienne majorité présidentielle face aux recompositions politiques en cours.
"Le Cameroun se construit dans la loyauté, la constance, le sérieux. Pas dans l'opportunisme et l'amnésie", conclut Bruno Bidjang, traçant une ligne claire entre les fidèles du régime et ceux qui choisissent de s'en détacher.
Cette sortie de Bruno Bidjang contre Issa Tchiroma annonce une campagne électorale potentiellement mouvementée, où les questions de parcours et de cohérence politique des candidats risquent d'occuper une place centrale dans les débats.
L'ancien ministre démissionnaire n'a pas encore réagi publiquement à ces accusations. Sa réponse sera scrutée par les observateurs politiques, alors que se dessinent les contours de la future campagne présidentielle.