Le ministre de la Jeunesse et de l’Éducation Civique prend les rênes du ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, tandis que l’opposition analyse les implications politiques de cette transition.


Dans un communiqué publié ce 27 juin 2025, le Secrétariat général des Services du Premier ministre a annoncé la nomination de Mounouna Foutsou, ministre de la Jeunesse et de l’Éducation Civique, pour assurer l’intérim au ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle. Cette décision fait suite à la démission d’Issa Tchiroma Bakary, qui a officiellement déclaré sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025.

La nomination de Mounouna Foutsou, figure connue pour sa loyauté envers le régime et son expérience dans la gestion des dossiers sensibles, intervient à un moment clé pour le gouvernement. Alors que le Cameroun s’achemine vers une présidentielle cruciale, cette décision vise à garantir la continuité des services publics tout en maintenant un contrôle étroit sur un ministère stratégique, notamment en matière de formation professionnelle et d’emploi des jeunes – un électorat clé dans le contexte actuel.

Issa Tchiroma Bakary, ancien porte-parole du gouvernement et pilier du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), a surpris en quittant ses fonctions pour se lancer dans la course présidentielle. Dans un manifeste politique publié le 25 juin, il a dénoncé un système « à bout de souffle » et appelé à une « refondation démocratique ». Son départ et son remplacement immédiat soulèvent des questions sur les dynamiques internes au sein du pouvoir, notamment la gestion des dissidences à l’approche des élections.

« La nomination d’un intérimaire expérimenté comme Mounouna Foutsou montre que le gouvernement ne veut prendre aucun risque. Le ministère de l’Emploi est un levier important pour mobiliser la jeunesse, et le pouvoir entend garder la main sur ce dossier », analyse un observateur politique à Yaoundé.

La candidature de Tchiroma, bien qu’isolée, pourrait fragmenter davantage l’opposition, en particulier dans le septentrion, une région hautement stratégique. Son discours axé sur la jeunesse et les réformes structurelles emprunte des thèmes chers à l’opposition, notamment au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto.

« En se présentant, Tchiroma risque de siphonner une partie de l’électorat du Nord, affaiblissant ainsi l’opposition. Mais s’il échoue, il pourrait se marginaliser définitivement », souligne un analyste.