Quatre ans après l'élection de Samuel Eto'o à la tête de la Fédération Camerounaise de Football, les critiques s'accumulent et l'hypothèse d'un comité de normalisation gagne du terrain dans les hautes sphères du football camerounais.


Le 21 décembre 2021 restera gravé dans les mémoires comme le jour où Samuel Eto'o, légende du football camerounais, accédait à la présidence de la Fécafoot. Cette élection avait suscité un immense espoir parmi les supporters camerounais, convaincus que l'ancien attaquant du FC Barcelone et de l'Inter Milan allait révolutionner le football national.

Quatre années plus tard, le bilan apparaît mitigé et les polémiques se multiplient autour de la gestion de l'ancienne star des Lions Indomptables. Les critiques portent principalement sur ce que certains acteurs du milieu qualifient de "gouvernance pleine d'irrégularités".

L'affaire des virements : la goutte d'eau qui fait déborder le vase
L'information qui a filtré la semaine dernière concernant le virement de fonds destinés à la Fécafoot sur le compte personnel de Samuel Eto'o pour les matchs amicaux contre la Russie et le Mexique a provoqué un tollé. Cette révélation, considérée par beaucoup comme "un scandale de trop", a relancé les interrogations sur la gestion financière de la fédération.

Cette affaire s'ajoute à d'autres dossiers controversés qui ternissent l'image de l'actuelle direction. La suspension de Geremi Njitap, menée en contradiction avec les prescriptions de la CAF que la Fécafoot est pourtant tenue de respecter selon ses propres statuts, illustre également les dysfonctionnements dénoncés.

Face à cette accumulation de problèmes, l'option d'un comité de normalisation est désormais sérieusement étudiée dans les hautes sphères. Cette solution, généralement mise en place lorsqu'une fédération présente des problèmes de gouvernance, de transparence financière ou ne respecte pas ses statuts, permettrait de conduire la Fécafoot vers de nouvelles élections dans un cadre apaisé.

Les conditions de mise en place d'une telle structure font actuellement l'objet de discussions approfondies. Les éléments mis en avant pour justifier cette démarche incluent la gestion controversée des finances des Lions Indomptables et les multiples entorses aux règlements observées depuis 2021.

L'attitude du comité exécutif de la Fécafoot fait également l'objet de vives critiques. Selon certaines sources, plusieurs membres de cette instance privilégieraient la défense de leurs intérêts personnels plutôt que la promotion d'une gouvernance transparente. Cette situation soulève des questions sur l'indépendance des organes de contrôle de la fédération.

La commission d'éthique et d'homologation de la Fécafoot se trouve également dans le viseur. Sa supposée dépendance aux "humeurs et volontés" du président actuel et de son équipe dirigeante interroge sur sa capacité à exercer pleinement son rôle de régulateur.

Cette commission d'éthique sera bientôt amenée à se prononcer sur un dossier particulièrement sensible. Guibaï Gatama, membre du comité exécutif, a déposé une plainte visant Samuel Eto'o, Benoît Angbwa et Blaise Djounang. Il les accuse de complicité dans un supposé détournement de fonds, en violation des articles 21 alinéa 2 et 27 du code d'éthique de la Fécafoot.

La manière dont cette affaire sera traitée constituera un test crucial pour la crédibilité des instances dirigeantes du football camerounais. Elle pourrait également influencer la décision finale concernant la mise en place d'un éventuel comité de normalisation.

À quelques mois d'élections programmées au sein de la fédération, l'ombre d'un comité de normalisation plane donc sur la Fécafoot. Si cette option venait à se concrétiser, elle marquerait un tournant majeur dans l'histoire récente du football camerounais et sonnerait le glas de l'ère Samuel Eto'o à la tête de l'institution.