Une information exclusive révélée par Jeune Afrique vient confirmer les spéculations qui agitaient les couloirs du pouvoir camerounais depuis plusieurs semaines. Le ministre de l'Emploi, Issa Tchiroma Bakary, a franchi un cap décisif dans sa rupture annoncée avec l'exécutif de Paul Biya.
Selon les révélations de Jeune Afrique, le responsable gouvernemental s'est rendu le 23 juin au bureau du Premier ministre Joseph Dion Ngute pour lui faire part de sa volonté ferme de quitter ses fonctions ministérielles. Cette rencontre, tenue dans la discrétion à Yaoundé, marque un tournant dans la carrière politique du président du Front pour le salut national du Cameroun (FNSC).
Face à cette annonce, le chef du gouvernement aurait tenté de faire revenir son ministre sur sa décision, comme l'indiquent les sources de Jeune Afrique. Cependant, Joseph Dion Ngute n'a pas donné suite à cette demande de démission, rappelant que la procédure constitutionnelle exige que toute démission ministérielle soit adressée directement au président de la République.
Cette position respecte effectivement les prérogatives constitutionnelles au Cameroun, où Paul Biya détient seul le pouvoir de nommer et de révoquer les membres du gouvernement. Issa Tchiroma Bakary devra donc formaliser sa démarche par un courrier officiel au chef de l'État.
## Une annonce publique programmée dans le Nord
Toujours selon les informations obtenues par Jeune Afrique, le ministre de l'Emploi ne compte pas s'arrêter à cette démarche administrative. Il aurait prévu de rendre publique sa décision lors d'un déplacement dans sa région d'origine, le Nord du Cameroun, et plus précisément à Garoua, considérée comme son bastion électoral. Cette officialisation publique était programmée pour le 24 juin.
Cette stratégie de communication révèle une approche politique calculée, visant à mobiliser sa base électorale régionale au moment de rompre avec le pouvoir central.
Les révélations de Jeune Afrique s'inscrivent dans un contexte électoral particulièrement sensible. À quatre mois de l'élection présidentielle camerounaise, cette démission annoncée représente bien plus qu'un simple remaniement gouvernemental. Elle symbolise une rupture politique majeure avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir depuis des décennies.
L'alliance entre Issa Tchiroma Bakary et le RDPC, qui lui avait permis d'accéder aux responsabilités gouvernementales ces dernières années, semble donc arriver à son terme. Cette rupture ouvre la voie à plusieurs scénarios : un ralliement à l'opposition, une candidature indépendante, ou encore la création d'une nouvelle alliance politique.
Malgré cette procédure de démission engagée, les informations recueillies par Jeune Afrique laissent entrevoir la possibilité de négociations de dernière minute au plus haut niveau de l'État. Le pouvoir camerounais pourrait encore tenter de retenir l'un de ses ministres les plus expérimentés, particulièrement dans cette période pré-électorale cruciale.
L'issue de cette crise gouvernementale dépendra désormais de la réaction de Paul Biya et de sa capacité à trouver un compromis avec son ministre démissionnaire. Dans le cas contraire, le paysage politique camerounais pourrait connaître une recomposition significative à l'approche de l'élection présidentielle.
Cette révélation exclusive de Jeune Afrique illustre les tensions croissantes au sein de l'appareil d'État camerounais et annonce potentiellement une campagne présidentielle plus disputée que prévu.