Actualités of Wednesday, 18 June 2025

Source: www.camerounweb.com

RDPC : Une bombe juridique aux déflagrations successives secoue le parti au pouvoir

Image illustrative Image illustrative

L'action de Léon Theiller Onana révèle une faille majeure dans les procédures internes du parti présidentiel

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) traverse une crise juridique sans précédent. Le parti au pouvoir, habitué à dicter sa loi, se retrouve aujourd'hui pris au piège de ses propres négligences statutaires. Une "vraie bombe à déflagrations successives" selon l'expression de certains observateurs, qui met en lumière les contradictions du système politique camerounais.

L'analyse est sans concession : le RDPC serait "absolument dans la mer". Trop occupé, selon les critiques, à "recruter une armée de braconniers du droit et mercenaires juristes" pour justifier ses positions politiques, le parti aurait négligé l'essentiel : se conformer à ses propres statuts pour présenter un candidat à l'élection présidentielle.

Cette situation paradoxale révèle une formation politique habituée à "tropicaliser la notion du mandat représentatif et la hiérarchie des normes", mais incapable d'appliquer ses propres règles internes.

C'est dans ce contexte qu'intervient Léon Theiller Onana, qualifié de "teigneux" par ses détracteurs. Ce militant et élu du RDPC a saisi cette "grossière illégalité" pour mettre son propre parti en difficulté. Son action juridique, visant à imposer la tenue d'un congrès ordinaire avant toute investiture présidentielle, exploite une faille que personne n'avait anticipée au sein de la direction du parti.

L'ironie de la situation n'échappe à personne : un membre du parti au pouvoir qui utilise le droit contre sa propre formation politique, révélant au grand jour les insuffisances statutaires du RDPC.


L'observation la plus cinglante porte sur l'attitude des juristes habituellement prompts à défendre les positions du pouvoir. Ces "professeurs en tropicalisation du droit", qui avaient été "dressés pour expliquer l'impossible candidature de Maurice Kamto" lors des précédentes échéances, se montrent "étrangement muets sur cette affaire".

Ce silence contraste fortement avec leur activisme passé et souligne le caractère embarrassant de la situation pour le parti au pouvoir. Difficile en effet de justifier juridiquement l'injustifiable quand c'est son propre camp qui est pris en défaut.

Au-delà de la crise interne du RDPC, cette affaire constitue un véritable test pour "l'État de droit et la fiabilité des institutions camerounaises". La manière dont les acteurs institutionnels - tribunaux, Elecam, administrations - traiteront cette procédure sera scrutée de près.

L'enjeu dépasse largement le cadre partisan : il s'agit de vérifier si les institutions camerounaises sont capables d'appliquer le droit de manière équitable, y compris quand cela dérange le pouvoir en place.

"L'opinion scrute désormais les comportements des acteurs institutionnels sollicités par cette crise", note l'analyste. Cette vigilance citoyenne témoigne d'une maturation de la conscience démocratique camerounaise, où les citoyens n'hésitent plus à questionner les pratiques du pouvoir.

Cette crise intervient dans un contexte où "le changement est la chose la mieux partagée aujourd'hui au Cameroun". L'action de Léon Theiller Onana s'inscrit dans cette dynamique d'exigence de transparence et de respect des procédures, même au sein du parti au pouvoir.

Pour un parti habitué à invoquer son credo "la loi, c'est nous", cette affaire constitue un précédent particulièrement gênant. Elle démontre que même le parti au pouvoir n'est pas au-dessus des règles qu'il a lui-même édictées.
La suite de cette procédure dira si le Cameroun est capable de faire respecter l'État de droit, y compris face à ceux qui détiennent le pouvoir depuis des décennies.