L'hôtel des députés de Yaoundé, jadis symbole du standing réservé aux élus de la nation, traverse aujourd'hui une crise profonde qui soulève de nombreuses interrogations. Cet établissement hôtelier, qui hébergeait régulièrement les parlementaires dans des conditions dignes de leur fonction, "n'est plus que l'ombre de lui-même", selon les témoignages recueillis auprès de plusieurs députés. C’est l’alerte que le journaliste Raoul Bia a lancé sur sa page Facebook.
L'état des installations révèle l'ampleur de la dégradation. Les ascenseurs, équipements pourtant essentiels dans un établissement de cette envergure, sont décrits comme "croulants, somnolents et pratiquement mourants". Cette situation persiste malgré l'acquisition récente de deux nouveaux ascenseurs, dont la mise en service demeure bloquée par l'opposition de certains membres du conseil d'administration qui ont "refusé de les réceptionner".
Les conditions d'hébergement se sont considérablement détériorées, contraignant les députés qui y séjournent encore à endurer des désagréments multiples. Ces derniers se plaignent notamment des "caresses des moustiques" qui perturbent leur repos, témoignant d'un manque d'entretien et de mesures d'hygiène appropriées.
La qualité des prestations s'est également dégradée de manière significative. Le système de télévision connaît des dysfonctionnements récurrents avec des "coupures du signal des images TV dans plusieurs chambres". Plus préoccupant encore, certains députés dénoncent le fait que "les quelques chaînes qui restent ne diffusent que le contenu adulte", soulevant des questions sur la gestion et le contrôle des services proposés.
La situation financière de l'établissement s'avère particulièrement préoccupante. Avec une "masse salariale de 22 millions", l'hôtel des députés fait face à de sérieuses difficultés de trésorerie, au point que "l'opérateur de l'énergie électrique coupe parfois la lumière à cause des impayés". Cette situation place l'établissement dans une position délicate, oscillant entre dysfonctionnements techniques et problèmes de gestion.
La crise s'est aggravée avec la révélation d'un présumé détournement de fonds. L'ancien comptable de l'établissement, identifié sous le nom de Fabrice, aurait pris la fuite avec une partie des finances de l'hôtel. Selon les informations recueillies, il "se la coule douce au Canada avec l'argent de l'hôtel", laissant derrière lui une institution en grande difficulté financière.
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de remise en question de la gestion des institutions publiques, l'hôtel des députés étant lui aussi "sous le coup de la polémique du mandat impératif". La situation actuelle de l'établissement soulève des interrogations légitimes sur la supervision et le contrôle des finances publiques allouées au fonctionnement des institutions parlementaires.
Face à cette situation critique, l'établissement qui accueillait autrefois les représentants du peuple dans des conditions décentes est aujourd'hui qualifié d'"auberge des députés", une appellation qui traduit la chute de standing subie. L'institution se trouve "complètement dépitée de sa situation actuelle", nécessitant une intervention urgente pour restaurer sa fonction première.