Actualités of Tuesday, 27 May 2025

Source: www.camerounweb.com

Remaniement et guerre interne au RDPC: un puissant ministre livré à Paul Biya

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Une lettre incendiaire de l'ancien ministre révèle des tensions internes au sein du parti au pouvoir dans l'Extrême-Nord, à l'approche des échéances électorales.
Les couloirs du pouvoir camerounais bruissent d'une nouvelle polémique qui secoue les rangs du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Dans une note confidentielle adressée à Samuel Mvondo Ayolo, Directeur du Cabinet Civil de la Présidence de la République, pour la très haute information du Chef de l'État, l'ancien ministre Zacharie Perevet s'en prend violemment à son camarade de parti, le ministre de la Santé Publique Manaouda Malachie.

Cette correspondance, rédigée sur papier en-tête du RDPC, soulève déjà des interrogations sur les motivations de son auteur. Le choix d'adresser cette missive au Ministre Directeur du Cabinet Civil, dont le statut au sein de la hiérarchie du parti reste à clarifier, interroge sur les véritables intentions de Zacharie Perevet.

L'ancien ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, qui a occupé ce poste pendant quatorze années (2004-2019), accuse frontalement Manaouda Malachie de désertion politique. Selon Perevet, depuis sa nomination au ministère de la Santé Publique, son camarade n'aurait organisé aucune rencontre ni meeting RDPC dans le Mayo-Tsanaga.

Cette version des événements est pourtant contredite par la réalité du terrain. Malgré un emploi du temps ministériel particulièrement chargé, Manaouda Malachie n'a jamais manqué une occasion de rassembler ses camarades du RDPC de l'Extrême-Nord en général et du département du Mayo-Tsanaga en particulier.
Les observateurs politiques locaux confirment la présence régulière du ministre de la Santé lors des activités partisanes, démentant ainsi les allégations de Zacharie Perevet. Cette contradiction flagrante entre les accusations et la réalité soulève des questions sur les véritables motivations de l'ancien ministre.

L'analyse politique de cette lettre incendiaire révèle une dimension plus préoccupante. Elle s'inscrit dans ce qui semble être une tentative de fragilisation du RDPC à l'approche des échéances électorales, notamment la présidentielle.

Cette offensive de Zacharie Perevet intervient à un moment crucial où l'unité du parti au pouvoir constitue un enjeu majeur. Le Mayo-Tsanaga, bastion traditionnel du RDPC, ne peut se permettre de divisions internes qui pourraient profiter à l'opposition.


Le ministre Manaouda Malachie, figure montante de l'élite politique du Mayo-Tsanaga, travaille activement au renforcement de son autorité locale. Ses rencontres régulières avec les députés RDPC témoignent de sa volonté de consolider le soutien partisan et de garantir une action concertée en vue des prochaines élections.

Se présentant comme "porteur d'un message" du Ministre Directeur du Cabinet Civil de la Présidence, Manaouda Malachie joue pleinement son rôle d'intermédiaire entre la base militante et la direction nationale du parti. Cette position stratégique renforce naturellement son statut au sein de l'appareil partisan.


Les accusations de Perevet mettent en lumière un malaise plus profond concernant la reconnaissance des efforts des différents cadres du parti. Cette situation révèle une fracture potentielle au sein du RDPC, où les ambitions personnelles risquent d'entraver la cohésion et l'efficacité collective.
Cette dynamique conflictuelle entre deux figures importantes du parti dans la région souligne les défis auxquels le RDPC fait face pour maintenir sa prééminence dans le Mayo-Tsanaga. Les rivalités internes, si elles ne sont pas maîtrisées, pourraient avoir un impact négatif sur les performances électorales du parti.

Face à ces tensions, l'urgence de l'unité se fait sentir au sein du RDPC. Une véritable cohésion et un engagement sincère de la part de tous les dirigeants seront essentiels pour assurer la victoire lors des prochaines consultations électorales.

La direction du parti devra porter une attention particulière aux relations entre ses différents cadres pour éviter que ces fractures ne profitent aux adversaires politiques. Le Mayo-Tsanaga, territoire stratégique pour le RDPC, ne peut se permettre de voir ses forces divisées à l'approche d'échéances cruciales.

Cette affaire Perevet-Manaouda pourrait bien constituer un test de la capacité du parti au pouvoir à gérer ses contradictions internes et à préserver l'unité nécessaire à sa survie politique.