Dans une analyse lucide et sans concession, l'édition du jour du "TGV de l'info" dresse un constat alarmant de la situation camerounaise, 60 ans après l'indépendance. L'article met en parallèle le "miracle économique chinois" réalisé en seulement quatre décennies avec la stagnation persistante du Cameroun, où les indicateurs de développement demeurent préoccupants malgré les richesses du pays. Au cœur de cette analyse, une jeunesse camerounaise décrite comme "désorientée", oscillant entre distractions numériques, quête de succès facile et absence de projet structurant. Le média s'interroge sur la capacité réelle du pays à opérer une transformation profonde, même en cas d'alternance politique, et propose en contrepoint les exemples inspirants du Rwanda, de l'Éthiopie, du Maroc et de Singapour. "Le Cameroun de demain ne naîtra pas d'un miracle électoral, mais d'un sursaut national", conclut cette tribune qui appelle à une véritable révolution des mentalités dans un contexte où l'émergence du pays semble toujours repoussée à l'horizon.
Le Cameroun : une jeunesse désorientée, un avenir en suspens
Plus de quarante ans. C’est le temps qu’il a fallu à la Chine pour passer du statut de pays sous-développé à celui de puissance économique mondiale. Ce miracle chinois n’est pas le fruit du hasard. Il repose sur une stratégie rigoureuse, une discipline collective, un patriotisme économique et, surtout, une volonté politique inébranlable. La Chine a su imposer ses conditions aux investisseurs étrangers : transfert de technologie, formation de sa main-d'œuvre locale, industrialisation massive. Elle a bâti une classe moyenne solide, misé sur l’éducation scientifique et technologique, et favorisé l’émergence d’une économie productive.
Et nous, Camerounais ? Depuis l'indépendance, plus de 60 ans se sont écoulés, et pourtant, les indicateurs de développement sont au rouge. Le pays stagne. La pauvreté persiste, les infrastructures sont vétustes, la corruption gangrène les institutions et la jeunesse notre plus grande richesse semble en perte de repères.
Aujourd’hui, une grande partie de nos jeunes se perd dans les méandres des réseaux sociaux : TikTok, Instagram, distractions sans fin. Beaucoup rêvent de succès faciles à travers le marketing digital, les MLM, ou les paris sportifs, sans fondements solides ni vision à long terme. D’autres sombrent dans l’alcool, la délinquance, la prostitution ou l’oisiveté. Ceux qui, malgré tout, ont eu accès à un minimum d’instruction, se contentent souvent de bavarder sur des plateaux télé, répétant des discours vides d’action concrète.
Peut-on espérer un Cameroun émergent dans 50 ans ? Rien n’est moins sûr.
La question mérite d’être posée avec lucidité : même avec un changement de président, la structure du pays permet-elle une transformation réelle ? Aura-t-on un leadership suffisamment courageux, éclairé et stratège pour :
Imposer des politiques industrielles fortes ?
Attirer les investisseurs tout en exigeant un réel transfert de savoir-faire, comme l’a fait la Chine ou même le Vietnam ?
Réformer l’éducation pour former des ingénieurs, des techniciens, des agriculteurs modernes au lieu de produire une armée de diplômés sans compétences pratiques ?
Des exemples à méditer :
Le Rwanda, en moins de 30 ans après le génocide de 1994, est devenu un modèle africain : stabilité politique, propreté, numérisation de l’administration, promotion de l’entrepreneuriat local. Le gouvernement rwandais a misé sur la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l’éducation pratique.
L’Éthiopie a connu une croissance économique soutenue pendant deux décennies grâce à des investissements massifs dans les infrastructures, l’agriculture et la formation technique.
Le Maroc est devenu un hub industriel et automobile en Afrique du Nord en misant sur la stabilité politique et une stratégie claire d’industrialisation.
Singapour, autrefois pauvre et sans ressources naturelles, est aujourd’hui l’un des pays les plus prospères du monde. Sa réussite repose sur la discipline, l’excellence éducative, la lutte contre la corruption et une vision de développement durable.
Le Cameroun doit choisir : continuer à végéter ou amorcer une transformation historique.
Ce changement n’est pas seulement l’affaire du gouvernement. Il doit commencer par une révolution mentale. Une jeunesse qui cesse de fuir la réalité dans les distractions numériques et les rêves de richesse facile. Des leaders qui placent l’intérêt collectif au-dessus des intérêts personnels. Un système éducatif réformé pour préparer une main-d’œuvre compétente, créative et disciplinée.
Car oui, le Cameroun peut changer. Mais le temps presse. Et il n’y a pas de miracle sans efforts, sans courage, sans sacrifice collectif.
Le Cameroun de demain ne naîtra pas d’un miracle électoral, mais d’un sursaut national.
Le TGV de l'info