Alors que l’affaire impliquant le père de la slameuse Lydol, accusé du meurtre d’un enfant de 6 ans, continue de faire polémique, la chaîne Canal 2 International a suscité des interrogations en choisissant de flouter son visage dans son reportage. Une décision vivement critiquée par certains internautes, mais que Rodrigue Tongué, directeur de l’information de la chaîne, défend au nom de l’éthique journalistique.
"Lydol s’est mise en vedette, son père est un quidam"
Interrogé par Médiatude, Tongué a justifié cette décision en rappelant la distinction entre une personnalité publique et un simple citoyen :
« Lydol a réalisé une vidéo diffusée dans notre JT de 19h50. Dans le jargon, elle s’est "mise en vedette", s’exposant volontairement. Son père, en revanche, reste un quidam – une personne privée – et présumé innocent. Notre rédaction n’a pas pu le rencontrer au CHU pour vérifier son identité formellement. »
Il insiste sur le fait que, sans confirmation irréfutable, diffuser son visage aurait pu enfreindre le droit à la présomption d’innocence et porter atteinte à sa vie privée.
[POINT DE VUE] Rodrigue Tongué explique pourquoi Canal 2 a fait le choix de flouter le visage du père de Lydol dans son reportage
Le directeur de l'information réagit après les critiques de certains internautes.
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"Lydol a réalisé une vidéo qui a été diffusée dans le JT de 19h50. Dans le jargon de la presse, on dira qu’elle s’est "mise en vedette", c’est-à-dire qu’elle s’est volontairement exposée en pleine lumière médiatique. Compte tenu de sa notoriété publique et de sa démarche assumée, la question de la préservation de l’anonymat ne se posait plus sur son cas spécifique.
Son père, en revanche, reste un quidam - une personne privée - et présumé innocent que notre rédaction a tenté en vain de rencontrer hier au CHU de Yaoundé. Pis encore : au moment où nous mettions sous presse, aucun membre de la rédaction n’était en mesure d’identifier formellement, sans risque d’erreur, la personne figurant sur la photo comme étant le mis en cause.
Dans ce contexte, et conformément aux principes de précaution éditoriale, il aurait été contraire à l’éthique journalistique, au droit à la présomption d’innocence et au respect de la vie privée de publier cette image sans vérification rigoureuse. La Charte de Munich comme les recommandations de toutes les organisations professionnelles sérieuses insistent sur la nécessité de "d'eviter la précipitation", de protéger les personnes non publiques et de ne pas porter atteinte à leur réputation sans fondement vérifié.
Chacun fait son métier avec froideur malheureusement ou heureusement.
Courage à Lydol. Et surtout compassion émue à la famille du petit ange, le petit Mathis assassiné lâchement !"
Propos recueillis sur Médiatude