Le port de Kribi vient de confirmer son ambition continentale avec l'entrée en service de son nouveau terminal à conteneurs, capable d'accueillir les plus grands navires marchands du monde. Un développement stratégique qui repositionne le Cameroun sur l'échiquier maritime international.
L'accostage réussi du MSC Türkiye, l'un des six plus grands porte-conteneurs mondiaux, marque un tournant décisif pour la plateforme portuaire. Avec une capacité théorique d'un million d'équivalents vingt pieds (EVP), ce nouveau terminal se hisse parmi les cinq infrastructures africaines capables de recevoir ces géants des mers.
Philippe Labonne, président d'Africa Global Logistics (AGL), ne cache pas sa satisfaction : « Kribi fait partie des cinq ports capables de recevoir ce type de navire sur le continent. »
Construite en cinq ans par le groupe chinois CHEC, cette infrastructure représente un investissement colossal de 793 millions de dollars. S'étendant sur 715 mètres et offrant une profondeur de 16 mètres, elle surpasse largement le premier terminal, qui ne proposait que 350 000 EVP.
La gouvernance du projet illustre parfaitement la dimension internationale de l'infrastructure :
• AGL : 30,83%
• CMA CGM : 29,62%
• China Harbours Engineering Company : 20,55%
• Consortium d'investisseurs camerounais : 19%
Malgré ces avancées significatives, le port de Kribi fait face à des défis majeurs de connectivité. L'état délabré de la route reliant Kribi à Edéa, axe crucial vers les pays de l'hinterland comme la Centrafrique et le Tchad, demeure problématique.
Patrice Barthélemy Melom, directeur du port autonome de Kribi (PAK), reconnaît ces enjeux. Un appel d'offres pour la réhabilitation routière est annoncé dans les prochains jours, tandis que le projet ferroviaire progresse.
Aujourd'hui, Kribi capture déjà un tiers du trafic initialement destiné à Douala. La plateforme s'affirme comme un hub stratégique pour le transbordement, desservant le Nigeria, le Gabon, le Congo et la Guinée équatoriale.
L'entrée en service de ce nouveau terminal marque ainsi une étape cruciale dans le développement portuaire camerounais, promettant de nouveaux horizons économiques pour la région.