Alors que l'opposition camerounaise peine à réunir des fonds pour la présidentielle d'octobre 2025, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de Paul Biya affiche une insolente aisance financière. Selon une enquête exclusive de Jeune Afrique, le parti au pouvoir bénéficierait d'un système de financement opaque, mêlant contributions forcées des élites et possible détournement de fonds publics.
Le RDPC dispose d'un mécanisme de collecte bien rodé. Les militants de base versent symboliquement 500 à 1000 FCFA de cotisation annuelle, tandis que les hauts cadres et ministres sont soumis à des contributions bien plus substantielles. Lors d'un récent meeting dans l'Ouest, une cagnotte de 61 millions FCFA a été levée en quelques heures auprès des barons locaux du parti. Parmi les donateurs figuraient le sénateur Sylvestre Ngouchinghe (5 millions FCFA) et le président du Sénat Marcel Niat Njifenji (3 millions FCFA).
Selon nos informations, une sous-commission spéciale dirigée par le trésorier Gilbert Tsimi Evouna centralise les "contributions spéciales" des grands industriels. Baba Ahmadou Danpullo, patron de Nexttel, aurait ainsi offert 100 millions FCFA en 2020. Ces donations, présentées comme volontaires, s'apparentent souvent à un impôt déguisé pour les entrepreneurs souhaitant rester en bons termes avec le pouvoir.
Contrairement à des pays comme l'Afrique du Sud où les dons politiques sont strictement régulés, le Cameroun ne dispose d'aucun cadre transparent. Le budget de campagne de Paul Biya reste secret, tout comme l'utilisation exacte des fonds collectés. Cette absence de contrôle favoriserait, selon plusieurs sources, des détournements de fonds publics au profit du parti, notamment via des marchés publics attribués à des proches du régime.