La ville de Yaoundé est le théâtre d'un affrontement intense autour de la gestion de la publicité, mettant en opposition le maire Luc Messi Atangana et le gouvernement. Malgré les mises en garde répétées des autorités depuis novembre 2022, le maire persiste à collecter une prétendue "redevance publicitaire" de manière illégale, avec le concours de régies douteuses.
Les ministres et autorités ont condamné cette pratique à plusieurs reprises, mais le maire demeure sourd aux avertissements. Il a même ordonné la destruction des enseignes des commerçants récalcitrants le 11 avril dernier, une action en violation flagrante des lois et des droits des commerçants.
Selon la loi, apposer une enseigne commerciale est un droit protégé par l'article 28 de la loi de 2015 sur le commerce. De plus, la loi de 2006 recommande simplement aux commerçants de choisir une régie agréée par le ministère de la Communication pour les enseignes à caractère publicitaire, sans nécessité d'autorisation préalable de la mairie.
Cet acharnement du maire Atangana est dénoncé comme un abus de pouvoir, menaçant la survie de nombreuses PME et violant la loi de 1998 sur la libre concurrence, selon Aristide Bounah, membre de l'Association des régisseurs en publicité du Cameroun (Arpc).
Les dessous de cette affaire révèlent un possible trésor de guerre électoral, le maire utilisant la destruction des enseignes comme moyen de collecte de fonds en vue des prochaines élections. Cependant, cette pratique est en contradiction avec l'article 35 de la loi de 2019 sur la décentralisation, qui confère à l'État l'exclusivité de la gestion du domaine public.
Malgré les interventions et les mises à jour réglementaires entreprises par le gouvernement, le maire de Yaoundé persiste dans ses agissements défiant l'autorité de l'État. La question demeure : jusqu'où ira ce bras de fer ? Le gouvernement prendra-t-il des mesures fermes pour rétablir l'ordre ou laissera-t-il perdurer les abus du maire ? Cette affaire reste à suivre de près.