Actualités of Tuesday, 13 June 2023

Source: Le Messager N°8060

SDF : Paul Biya et John Fru Ndi, ce que vous ne savez pas

Cette exclusion est attaquée par les principaux concernés Cette exclusion est attaquée par les principaux concernés

La raison majeure évoquée par plusieurs anciens cadres est que le Social democratic front se trouve en collusion avec le régime en place au point que le chef de l'exécutif, avec l'aide des thuriféraires, s'est substitué à toutes les instances du parti. Les cas d'auto-exclusion historiques enregistrés au sein du Social democratic front (Sdf) sont ceux datant du 26 février 2023. En effet, le Comité exécutif national du parti « a pris acte, à l' unanimité de ses membres, de l'auto-exclusion de 34 membres, dont neuf de ce même comité et 25 autres de différentes structures de base » , a précisé la Secrétaire générale du Sdf, Adeline Lord Djomgang dans un communiqué. Le Sdf reproche à ces militants d'avoir agi « en violation des statuts et règlement intérieur du parti » . Seulement, cette exclusion est attaquée par les principaux concernés, qui se recrutent parmi les 34 membres du G27+. Dans un communiqué rendu public, ce bloc des dissidents prend l'opinion publique nationale et internationale à témoin dans cette tentative de destruction du Sdf et déclare nulles et de nuls effets les résolutions du Nec.

Par ailleurs, le G27+ s'engage « à poursuivre le combat pour la restauration de la démocratie et la justice au sein du parti » et invite les militants à rester vigilants et sereins et « à continuer à maintenir les bases politiques en éveil dans la perspective de la préparation d' un congrès légitime conformément aux statuts et règlement intérieur » . Le G27+ a, d'ailleurs, intenté trois procédures judiciaires au Tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi et à Mfou contre le chairman Ni John Fru Ndi pour « violation des statuts et règlement intérieur du parti » . La dernière audience a eu lieu jeudi, 8 juin 2023 au Tgi du Mfoundi. Alors que Me Moustapha Ngouana, conseiller juridique, représente le G27+, Me Mbah Ndam est l'ayant-droit du camp du leader national du parti. Le juge a, à cet effet, prononcé un renvoi ferme au 22 juin afin d'accéder au fond du dossier. Affaire à suivre ! D'autres cas d'exclusion remontant à la moitié des années 90 Les premiers hauts cadres du Sdf à quitter le navire l'ont fait en 1995, cinq ans après la naissance du parti. Le Secrétaire général de l'époque, Dr Siga Asanga, oncle maternel de Ni John Fru Ndi, est celui qui avait choisi le chairman pour le positionner à la tête du parti croyant le manipuler à sa guise le moment venu.

Malheureusement, la première personne que le leader national expulse du parti est son oncle, Siga Asanga. Cet ancien patron administratif du parti était, d'ailleurs, accompagné d' un groupe d'intellectuels au rang desquels figurent Charly Gabriel Mbock, Dorothée Kom et Basile Kamdoum. Tous avaient été poussés à la démission et avaient créé, parallèlement, deux mouvements. B. Kamdoum avait quitté le parti pour aller créer le Social democratic party (Sdp) avant de regagner finalement les rangs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). S. Asanga, C.G. Mbock et D. Kom avaient été, eux aussi, poussés à la porte et avaient forgé le Forum des sociaux-démocrates. En 1999, l'ancien 1er vice-président national, Souleymane Mahamat, s'en était allé mettre sur pied le Social democratic movement avec d'autres anciens militants. D'autres cadres ne tarderont pas à les suivre un an plus tard.

Tazo Acha Charles Asonganyi, un autre ancien secrétaire général; Moukouri Manga Bell, ancien député devenu, plus tard, vice-président; Léolin Nja Kwa, ancien maire de la commune d'arrondissement de Douala 1er et président provincial du Sdf de l'époque; l'ancien député, Jean-Pierre Tchoua, sans oublier ceux qui animaient le parti antérieurement. D'autres poids lourds vont aussi abandonner la barque en 2002. Maidadi Saidou Yaya, ancien 1er vice-président national du parti, Evariste Fopoussi, ancien secrétaire national à la communication, Samuel Tchwenko et Yves Epacka, tous membres du Comité exécutif national, claquent la porte et soutiennent que le parti a fini par être pris en otage par des transfuges du système du parti unique nostalgiques des pratiques de ce dernier. Interrogé à ce sujet, M. Saidou Yaya donne les raisons de sa démission : « Pour ce qui me concerne, il était question de refuser les résultats des élections locales de 2002 pour lesquelles le Sdf était passé de 43 députés à 23, ainsi que pour les mairies, où le parti avait perdu plus de 2/3 des communes.

Le raisonnement était simple. En acceptant les résultats de 2002, on endossait le processus électoral les ayant produit et Paul Biya allait le reconduire pour la présidentielle de 2004 qu 'il fallait protéger... Des rencontres avaient été organisées avec l'Undp (Union nationale pour la démocratie et le progrès) conduite par Pierre Flambeau Ngayap, l'Udc (Union démocratique du Cameroun); par feu Théophile Yimgaing Moyo et Dr Menang; le Mldc (Mouvement pour la libération et le développement du Cameroun) par son président, Marcel Yondo; la Dynamique par Albert Dzongang; le Ppc par Pahai, le Mdp par Mukury Maka... En ma qualité de 1er vice-président du Sdf, j'étais le président de la commission technique ayant fait les propositions aux leaders de partis pour le refus des résultats et la mise sur la table du problème de la commission électorale indépendante... Les résolutions prises par les leaders furent entérinées par le Nec tenu deux jours plus tard à cet effet. A ces assises, j'étais, une fois de plus, le président de la commission technique chargée de présenter la situation au Nec.

Cet organe a validé les résolutions de Yaoundé signées par le président national avec d'autres formations politiques. Après, les résolutions de ce Nec ont été annulées par Fru Ndi à travers un communiqué de presse demandant aux maires d'aller faire installer et aux députés d'entrer à l'Assemblée nationale. Dans le même temps, le Peace Pact fut signé entre le Rdpc et le Sdf juste pour la région du Nord-Ouest. Ce fut la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et j'ai claqué la porte du Parti en compagnie de Fopoussi, Dr Tchwenko, Pr Epacka... Après mûres réflexions, nous avons lancé un parti politique l'Afp (Alliance des forces progressistes) pour lequel j'étais le premier président national et Fopoussi le Sg. Nous avons lancé, dans le même temps, un regroupement, la Cfp (Convergence des forces du progrès) pour la refondation de l'opposition camerounaise autour de l'Upc. Des rencontres ont été organisées avec l'Upc des fidèles de Dr Samuel Mack-it, avec le Manidem de Anicet Ekane, avec le Mp de Jean Jacques Ekindi, avec le combattant Mboua Massok, ainsi qu 'avec les dirigeants du forum constitués de Dzongang, de Dorothée Kom et de Charly Gabriel Mbock... Tous ne voulaient que nous récupérer dans leur parti. On est en 2002. Quatre années plus tard, une autre scission du Sdf amena à la réflexion qui a conduit à la création de l'Afp version fusion de l'Afp originelle, du Sdf de Bernard Muna, du Mdp de Mukury Maka, du Ppc de Jean Pahai du Sdl de Souleymane Mahamat. Au congrès de mars 2007, Me Bernard Muna est devenu président national et Maidadi Sg » .

L'ancien premier vice-président national du Sdf estime, en outre, que les problèmes posés en 2002 et qui ont conduit à la sortie du Sdf sont restés les mêmes jusqu 'aujourd'hui (2023). « C'est suite à tout cela que Onel (Observatoire national des élections), puis Elecam ont été conçus. Le refus d'entrer à l'Assemblée nationale et dans les mairies en 2002 devait mettre l'opposition en position de force lors des négociations pour la réforme du processus électoral. L'Undp, qui était au gouvernement, et pour lequel Bello Bouba Maigari avait perdu les législatives tout en étant ministre, était dans la stratégie. Tout cela est malheureusement tombé dans l'eau parce que des gens voulaient occuper leurs sièges de député et de maire.

Le Sdf avait commencé son repli identitaire vers le Nord-Ouest et la situation n'a fait qu 'empirer » , explique Maidadi Saidou Yaya. En réponse à ces contestataires, Béatrice Annembom Monju, alors secrétaire nationale à la communication du Sdf, dit : « ces départs vont soulager des membres du Comité exécutif national" . Un autre inconditionnel de Fru Ndi affirme : "Ceux qui ont démissionné sont ceux qui ont perdu les élections dans leurs circonscriptions respectives et veulent que le parti soit absent du jeu institutionnel » .