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Actualités of Thursday, 5 January 2023

Source: Confidentiel

Début d’année difficile : une importante doléance déjà sur la table de Paul Biya

Paul Biya Paul Biya

Le plaidoyer des syndicats de travailleurs


Suite à la nouvelle loi de finance promulguée par le président de la République, le coût de la vie au Cameroun est sur le point de doubler, voire tripler au point où, même avoir un repas décent sur la table deviendra un chemin de croix. Considérant donc l’impérieuse nécessité de soutenir le pouvoir d’achat des travailleurs pour leur permettre de supporter le renchérissement du coût de la vie qui s’annonce et dans le but de préserver la paix sociale, des syndicats réunis en conclave exigent une révision immédiate du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et une hausse substantielle des salaires des agents des secteurs public et privé.


La loi de finances 2023 adoptée par les parlementaires et promulguée par le président de la République Paul Biya le 27 décembre 2022 est vivement critiquée par l’opinion publique et une partie du Parlement. Car elle aura le mérite de réduire de manière considérable le train de vie des consommateurs qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts. Réunis à Yaoundé au lendemain de sa promulgation, près d’une dizaine de syndicats dont la plupart des enseignants ont adressé une correspondance au Chef de l’Etat. Ces derniers regrettent que des mesures d’accompagnement qui auraient dû être prévues pour prendre en compte les souffrances que cette loi va inévitablement induire sont jusqu’ici absentes. « On s’achemine donc inéluctablement vers un désastre social programmé » pensent-ils. Car faut-il le relever, le nouveau texte de loi est entré en application depuis le 1er janvier 2023. Ceci étant, le timbre fiscal coûte désormais 1.500 francs CFA, et le droit de mutation sur les titres fonciers en cas de vente est passé à 4%. Le certificat de propriété coûte quant à lui 25.000 francs CFA. La prestation judiciaire 250.000 francs CFA. La taxe à l'import sur le riz a doublé, passant de 5% à 10%, créant un nouvel impact sur les prix. L’électricité coûte plus chère aux entreprises. Ce qui rend leurs coûts de production élevés et leurs produits plus chers. À cela, s’ajoute la Taxe Spéciale sur les produits pétroliers prévue à l’article 229 de la loi des finances. Les commerçants paient désormais un timbre à l’aéroport. Et les vignettes automobiles ne sont pas en reste. Le transport des biens et des personnes augmentera à coût sûr.


Vers un renchérissement du coût de la vie


Avec l’augmentation des coûts de production, les entreprises locales perdront en compétitivité. Ce qui renforcera l’inflation au niveau du tissu économique, contrairement à l’engagement pris dans la SND-30. Elle poursuivra la destruction du tissu économique local actuellement menacé par les importations massives. Au regard donc de ces nouvelles tarifications, on comprend aisément la sortie des syndicats nationaux du Cameroun qui exigent une révision immédiate du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et une hausse substantielle des salaires des agents des secteurs public et privé. Déjà avec un SMIG évalué à 36.700 francs CFA, le travailleur camerounais vit de plus en plus dans la précarité, incapable de satisfaire même ses besoins basiques. Que deviendra-t-il avec l’application de cette loi ? L’on est curieux de savoir comment un Camerounais qui gagne cette somme à la fin du mois pourrait s’occuper de sa famille. Non !!! Il serait impossible pour lui de le faire, d’où la nécessité d’une revalorisation du Salaire minimum interprofessionnel garanti. Comparaison étant tout le temps fait entre le Cameroun et la Côte d’Ivoire, le Cameroun est le seul pays à avoir un SMIG aussi dérisoire. Parce que la Côte d’Ivoire vient de revaloriser son SMIG pour le passer à 75.000 francs CFA. Cette nouvelle loi de finances donne donc les prémices de ce à quoi deviendra le quotidien des citoyens camerounais qui avaient déjà du mal à vivre avec moins de 3 dollars par jour. Cette loi de finance 2023 aurait moins fait mal si toutes les mesures avaient été prises avant son adoption par le Parlement et sa promulgation par le chef de l’Etat. Si on comprend que face à la crise qui prévaut entre la Russie et l’Ukraine il a fallu adopter des stratégies, l’on serait bien évidemment curieux de savoir sur quoi repose cette décision d’augmenter le train de vie des citoyens alors que ce sont les classes moyennes (petits fonctionnaires, cadres, agents de maîtrise, artisans qualifiés, petits commerçants, ou entreprenants, retraités de catégories supérieures du privé et du public, jeunes entrepreneurs, etc.), pour qui la voiture est plus un outil de travail qu’autre chose, qui vont encore devoir passer à la caisse après s’être acquitté de l’IRPP (Impôt sur le revenu des personnes physiques), la taxe communale et la RAV (redevance audiovisuelle) sur leurs salaires, la TVA et les droits d’accises sur leurs achats quotidiens. Est-ce à croire que le Cameroun est géré par des hommes qui sont en déphasage avec la réalité ? Ont-ils conscience que toutes ces mesures qui sont entrées en application il y a quelques jours auront un impact direct dans le panier de la ménagère ? Pourtant si en amont les salaires avaient été revus à la hausse, l’entrée en vigueur de cette loi de finance aurait eu un effet d’équilibre

A propos de la loi de finances 2023


Il faut relever que conformément aux dispositions de la loi du 11 juillet 2018 portant Code de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques, le ministère des Finances a rendu public « le budget citoyen ». Le document de synthèse de cette loi élaboré depuis 2019, qui permet de garantir aux citoyens l’accès à l’information budgétaire révèle que pour cette année 2023, le Cameroun a tablé sur une assiette budgétaire de 6.345,1 milliards de francs CFA. Le budget général s’élève à la somme de 6 274,8 milliards francs CFA, tandis que celui des comptes d’affectations spéciales est de 70,3 milliards de francs CFA contre 102,7 milliards de francs CFA, du fait du retrait du C.A.S précédemment destiné au financement de la lutte contre le Covid-19. L’augmentation enregistrée par le budget général est de 297,1 milliards de francs CFA. Sur le plan national, les recettes internes et les dons de la loi de finances 2023 sont projetés à 4676, 4 milliards de de francs CFA. Elles se déclinent à 807 milliards de de francs CFA pour les recettes pétrolières et gazières, 3.500 milliards de francs CFA pour les recettes fiscales et douanières, 250,4 milliards de de francs CFA pour les recettes non fiscales et 91 milliards de francs CFA pour les dons. Les recettes pétrolières et gazières, qui intègrent les revenus de la vente et de l’impôt sur les sociétés pétrolières, projetées par le gouvernement entrevoit une stagnation sur ce poste de recettes, en comparaison avec les 806 milliards de de francs CFA édictés par le collectif budgétaire du 2 juin 2022. En raison de l’embellie autour des prix du pétrole et du gaz à l’international en 2022, cette loi de finances rectificative consacre une augmentation de 43,4% (244 milliards de de francs CFA) de l’enveloppe initiale des recettes pétrolières, partant de 562 milliards de FCFA dans le budget initial à finalement 806 milliards de FCFA. À côté des recettes, la loi de finances 2023 révèle un besoin de financement estimé à 1682,4 milliards de de francs CFA, en baisse de 186,1 milliards de francs CFA par rapport à l’exercice précédent qui était de 1 868,5 milliards de francs CFA. Pour combler ce gap, le gouvernement compte sur les appuis budgétaires des bailleurs de fonds internationaux attendus dans le cadre du programme économique et financier avec le FMI, soit 281,3 milliards de francs CFA, les décaissements sur les prêts-projets de la valeur de 795,4 milliards de francs CFA, les levées de fonds via les émissions de titres publics sur le marché monétaire de la BEAC et probablement sur le marché financier sous régional qu’est la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale à 450 milliards de francs CFA, et les emprunts bancaires de l’ordre 155,7 milliards de francs CFA. Cette loi de finance a donc été faite dans un contexte marqué au niveau international par le ralentissement de la croissance économique dont le taux projeté en 2023 est de 2,7%. Un ralentissement dû à ce conflit russo-ukrainien qui a eu le don de créer de profondes perturbations dans les circuits d’approvisionnement du marché mondial en produits de grande consommation.