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Actualités of Friday, 9 December 2022

Source: www.camerounweb.com

Démissions au sein du Mrc : Une tempête dans un verre d’eau, selon le Directoire

Mrc Mrc

Votre site d'information a traité ce 8 décembre 2022 de l’affaire des 22 militants qui ont décidé de quitter le parti dirigé par Maurice Kamto. Ils s’en vont sans préciser ni l’objet de leur frustration ni leur nouveau point de chute. Un trou d’air dans lequel s’engouffre allègrement votre site pour s’enquérir, à défaut d’avoir eu la réaction des démissionnaires, auprès des cadres de ce parti non seulement des motivations de ce divorce mais aussi des conséquences politiques au moment où un nouveau cycle électoral s’annonce. L’échantillonnage choisi et qui a bien voulu réagir, n’est pas des moindres. Du sommet à la base de cet appareillage politique, tout en souhaitant bon vent à leur désormais ex-camarades, les militants accusent « le Rdpc et sa machine répressive de mettre la pression contre les militants du Mrc et de ce fait, les fatigués craquent et c'est légitime ». En plus de l’adversité, on estime ici que cela fait partie de la dynamique de trahison, ceux qui sont « impatients », « ceux qui sont venus seuls et s’en vont seuls », « ceux qui descendent du train pendant que d’autres Camerounais montent », sont perçus comme des traitres. A contrario, il se susurre également au sein de l’opinion, qu’il s’agit des suites de renouvellement des organes dirigeants en cours au sein de ce parti. Après Bafoussam, Nkongsamba et Douala ce 10 décembre 2022, certains déçus le font savoir par des lettres de démission, toute chose que l’essentiel du Directoire qualifie de tempête dans un verre d’eau. Un non-événement, « car les traîtres du peuple ont fini par se dévoiler. Ils ont même pris des gens qui n’ont jamais été militants du Mrc ou avaient déjà démissionné pour gonfler les chiffres », soupire un cadre. A côté de ces démissions, comme on le pensait depuis Bafoussam avec les différentes péripéties servies à l’opinion, ou à Nkongsamba avec ses rebondissements à couper le souffle sur le lieu de la tenue du meeting, peut-on effectivement voir une main agissante du pouvoir pour éclater ce parti ? L’histoire politique du Cameroun depuis l’avènement du multipartisme est traversée par un lugubre sort qui tient tous les partis politiques qui se dressent contre le Rdpc. L’Upc, l’Undp, le Sdf, sont passés par la case division. Est-ce le tour du Mrc ? A la fin, n’est-ce pas la démocratie camerounaise qui agonise si l’opposition est systématiquement en situation ? Nous vous proposons à la suite des réactions, une réflexion sur la supposée ou pas, phobie ou allergie, du parti au pouvoir face à l’opposition. Un papier rédigé toujours dans le sillage des turbulences qui agitent ce temps le parti de la renaissance.


Réactions

Mamadou Mota, 1er vice-président du Mrc
« La pression du Rdpc et sa machine répressive contre les militants du Mrc »
« J'apprends comme vous aussi cette démission. Mais elle en fait était visible depuis longtemps au regard des agissements des deux principaux acteurs le vice-président (Vp) Tabi et Mme Tchoua. Je ne saurais dire ici avec exactitude les causes de leur départ. Seuls eux seront à même de donner les motivations réelles et suffisantes pour convaincre le peuple de l'abandon d'un combat que je juge noble. J'ai essayé de joindre le Vp Tabi, malheureusement je n'ai pas reçu de réponse. Je pense que pour toutes les luttes qu'ils ont eu à mener avant de rejoindre le Mrc, ils ne seront pas prêts à rejoindre le Rdpc. Je pense par contre qu’ils vont proposer un nouveau parti au Cameroun. Nous sommes debout, nous n'oublions pas la pression que met le Rdpc et sa machine répressive contre les militants du Mrc et les fatigués craquent et c'est légitime. Je dis aux autres avançons malgré l'adversité et à eux bon vent pour la suite ... »

Roger Justin Noah, secrétaire général adjoint du Mrc

« Ils sont venus seuls et repartent seuls… les égoïstes vont continuer à descendre du train »
« En 2020, le professeur Fogue avait révélé les tractations de certains membres du Directoire avec le régime. Il vous souvient que Mme Tchapmi Salomé Epse Tchoua avait violemment démenti prétendant être loyale au Mrc. Plus d’un an après, les faits donnent raison au professeur. Les traîtres du peuple ont fini par se dévoiler. Ils ont même pris des gens qui n’ont jamais été militants du Mrc ou avaient déjà démissionné pour gonfler les chiffres. M. Djouguep Djiodji Gilbert avait déjà démissionné après l’exclusion de M. Kueka en août 2022. Cela prouve qu’ils n’ont pas pu convaincre grand monde. Ils sont venus seuls et repartent seuls. Je rappelle que l’actrice principale de ce feuilleton nauséabond Mme TCHOUA est habituée à la trahison; les populations de Nkongsamba se souviennent de l’épisode de 1997. Nous leur souhaitons bon vent dans la planète des grandes opportunités. Le train Mrc lui file vers la libération du peuple d’un système tyrannique qui pille le pays en renforçant, par des décisions iniques, la misère du peuple. Alors que la vie est déjà si chère, le gouvernement dictatorial et corrompu de Yaoundé choisit de la rendre encore plus chère pendant qu’ils s’approprient tous les privilèges et détournent en milliards en toute impunité. Chaque chose a heureusement une fin et leur fin est proche. Il reste au peuple de prendre son destin en main. Croyez-moi, les égoïstes vont continuer à descendre du train. Heureusement de nombreux Camerounais qui ont compris le sens de notre lutte montent, chaque jour, dans le train du changement conduit avec dextérité par le professeur Maurice KAMTO qui sera à Douala samedi 3 décembre 2022 au Stade Japoma ».

Me Fabien Kengne, cadre militant Mrc à Douala

« Nous sommes très sereins pour toutes les échéances électorales futures »
« J'ignore vraiment la cause de ces départs. Mais il faut les contextualiser. Nous sommes dans l'environnement sociologique du Cameroun fait de corruption, de violence, d'arrogance, etc... Le MRC est contre tous ces fléaux sociaux et prône une véritable démocratie, c'est à dire de l'eau pour tous, et non du champagne pour quelques-uns. Le Mrc ne court aucun danger. Ceux qui descendent du train sont insignifiants en nombre, comparé à ceux qui adhérent chaque jour. Le Mrc fait peur au régime en place et il fait feu de tout bois. Mais notre programme politique a déjà pris. Tout a déjà été mis en place pour "Upeciser " le Mrc, mais jusqu'à présent, ça ne fonctionne pas. Toute la diaspora, qui est le reflet du vivre ensemble camerounais, est entièrement acquise à la cause du Mrc. Nous sommes très sereins pour toutes les échéances électorales futures, proches ou lointaines ».

Matthieu Youbi, cadre militant Mrc à Yaoundé

« Ceux qui ne peuvent pas patienter, construire, bâtir vont partir, c'est sans rancune »
« Je ne saurais dire les cause de ces départs, car dans leur courrier de démission, ils ne donnent pas les cause. Ça ne peut être un danger pour le parti, car autant ils partent, d’autres adhèrent. Les démissions et les adhésions rythment la vie d'un parti. Donc, c’est un non-événement...Bien qu'il est toujours regrettable de se séparer de certains, on comprend que le chemin est long et ceux qui ne peuvent pas patienter, construire, bâtir vont partir, c'est sans rancune »
Propos recueillis par L.D.N.

Focal

Rdpc
Phobie et allergie à l’opposition ?
Après l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), voici Social democratic front (Sdf) à la porte de l’éclatement. Les coups d’éclat du parti présidentiel ?
Le sort irrémédiable des partis qui ont porté l’opposition face au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), semble décidément être le schisme qui traverse ces familles politiques. Turpitudes des leaders empêtrés dans les dilemmes les plus inavoués qui soulèvent des vagues sur lesquelles surfent allègement le parti présidentiel ou tout simplement la résultante d’une stratégie d’anéantissement, d’écrasement de toute forme d’opposition ? Dans la deuxième hypothèse de cette double interrogation, on fait l’inventaire d’une peur morbide, d’une angoisse éprouvée par ce parti né au pouvoir depuis 1985 à Bamenda, mais aussi sa réaction hostile, incapable de supporter de par son Adn, tout son discordant dans son champ d’action. La responsabilité du mastodonte Rdpc mérite de ce fait d’être convoquée du moment où son logiciel génétique est contre le multipartisme. C’est du reste un euphémisme de le relever car les déclarations et des faits du haut de la pyramide de ce parti convergent à conforter cette réalité. Déjà au début des années nonante, à l’heure où le Vent d’est soufflait des bourrasques sur le Cameroun, les militants et les cadres de ce parti s’étaient massivement mobilisés à travers les marches contre le « multipartisme précipité », traduisant par-là à fleurets moucheté leur jusqu’auboutisme qui s’écrasait aux pieds de leur président Paul Biya. Deux mois plus tard, le 28 juin 1990, il montait au créneau pour sensibiliser les siens sur la vanité d’une telle démarche. « Notre part est fort, certes, mais il doit dès aujourd’hui se préparer à affronter une éventuelle concurrence. Sachez donc vous y préparer », douchait-il in extenso les ardeurs des uns et des autres dans les rangs de son parti. Bien plus encore, aux lendemains de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 dont les résultats des urnes furent fortement contestés, le Secrétaire général du Comité central du Rdpc, en visite de travail dans le Mfoundi auprès de ses camarades en remettra une louche sur la ferme volonté d’en découdre avec l’opposition pour la contenir à sa portion congrue. « Nous suggérons qu’il est plus efficace de travailler à réduire l’opposition à sa plus simple expression à Yaoundé, au lieu de chercher à endiguer sporadiquement sa vague montante lors des élections », assenait-il en avril 2019.
Les faits d’une lutte sans merci
A l’épreuve des faits, il est clair que dans la compétition politique quotidienne, le parti de Paul Biya convoque tous les moyens disponibles pour rendre la vie dure à ses adversaires les plus invétérés, piétinant copieusement leurs plates-bandes à défaut de les savonner pour mettre ces partis en situation. Pour preuve la création du Sdf le 26 mai 1990 à Bamenda se fit dans la douleur, ce jour-là, il eut 6 morts piétinés, « par balles » comme l’a soutenu mordicus le parti à la balance. Alors que Ni John Fru Ndi était depuis 1992 le principal opposant de Paul Biya, ce n’est qu’en décembre 2010 que les deux hommes vont se rencontrer pour la première fois, 18 ans après. Est-ce une phobie ou une allergie de l’opposition ? Qu’importe ! On sait aussi les chemins difficiles par lesquels sont passés l’Union démocratique du Cameroun (Udc) après sa création le 22 mars 1991 et sa légalisation le 26 avril 1991. A Njinka à Foumban encore aujourd’hui, il existe des panneaux rappelant à la mémoire collective la mort suite à l’intervention des Forces de l’ordre, et les exemples sur ce point sont légion. Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun du Cameroun(Mrc), n’est pas en reste avec son lancement le 13 août 2012 à l’hôtel Hilton de Yaoundé. Ce jour-là, c’est dans le noir que les militants durent se séparer suite une intervention de la police, alors que l’autorité administrative avait autorisé la réunion avant de se raviser quand les militants étaient sur place. On sait aussi le sort d’une centaine des militants de ce parti, qui broient du noir en prison pour avoir marché, certains condamnés à des lourdes peines, allant jusqu’à 7 ans. Par ailleurs, en observant la courbe des résultats des différents partis politiques dans l’histoire face au Rdpc, le constant est qu’elle tend drastiquement vers zéro. C’est à se demander pendant combien de temps encore l’opposition aura une place au sein des institutions. Certains partis, à l’exemple de l’Undp, ont vite compris qu’il faille s’allier au mastodonte pour gouverner au risque de laisser toutes les plumes dans l’opposition. Le parti de Bello Bouba Maïgari n’a pas la mémoire courte. Dans l’adversité, il a éclaté en plusieurs factions, dont les différents lieutenants de la scission sont aujourd’hui au gouvernement. Au niveau des résultats, Il ne compte aujourd’hui que 7 députés alors qu’en 1992 il en comptait 68. Le Sdf aussi est entré dans la grande zone de turbulence au moment où Ni John Fru Ndi est sur le point de céder son fauteuil à la relève. Une faction de ce parti va-t-elle se former et entrer au gouvernement comme il se susurre avec la réunion des cadres à Mbouda ? Ses résultats électoraux, à l’exemple de ceux de l’Undp, fondent comme peau de chagrin avec le temps. S’il comptait 43 sièges en 1997, 16 en 2013, il ne totalise plus que 5 sièges aujourd’hui en 2020. En ce qui concerne la présidentielle, le parti du Chairman est passé de 35 % en 1992 à 11 % 2011 et 3, 35% en 2018. Le Rdpc, comme on le voit, que cela soit dit ou pas, écrase au propre comme au figuré son opposition, avec une telle détermination qu’on se demande s’il s’agit d’une phobie ou d’une allergie.