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Actualités of Wednesday, 12 October 2022

Source: Le Jour N° 3770

Parfait Siki : son passage à la FECAFOOT, son retour dans la presse… le journaliste crache ses vérités

Parfait Siki Parfait Siki

"La presse écrite n'est pas condamnée à mourir" Parfait Siki.


Vous venez de lancer Info+...Dans l' édito du numéro 1, vous ne proclamez pas l'identité éditoriale de votre titre...Alors dites nous ce qu'est votre journal...

Info + est un hebdomadaire d’informations générales qui se veut un journal utile au lecteur, qu’il soit gouvernant ou gouverné, du pouvoir ou de l’opposition, enseignant ou étudiant, travailleur ou chômeur. La ligne éditoriale n’est ni anti-ceci, ni pro-cela, elle est celle d’un journal qui saisit les enjeux de son temps avec objectivité et bonne foi. Notre société est travaillée par les questions socio-politiques, économiques, environnementales, énergétiques et de la transition numérique. Nous nous en emparons sans parti-pris autre que celui de ne point passer à côté des problématiques présentes et futures que ces questions charri



Une image me vient à l'esprit: vous donnez naissance à un bébé alors que tout le monde est en réanimation ou en route pour la morgue...Vous vous lancez sur le créneau de la presse écrite alors que le secteur est moribond...Expliquez.

Cette question sous-entend que quand c’est difficile, il faut s’enfuir. Ce n’est pas ma conception des défis de la vie. Convenons d’abord que la presse écrite n’est pas condamnée dans une sorte de fatalité divine à mourir. Elle traverse une période où elle doit découvrir un modèle économique adaptée aux changements de son époque. Les journaux tels qu’on les a connus ne survivront qu’en mutant en intégrant le numérique comme la matrice autour de laquelle tout devra graviter. De ce point de vue, INfo+ n’est pas en retard d’une évolution, cet hebdo arrive au bon moment.



Votre parcours personnel est à tout le moins atypique...Peut-on considérer que vous avez atteint le point de chute ?

Mon parcours ne me semble pas atypique. J’ai passé l’essentiel de ma carrière dans des rédactions et mon passage de trois ans à la FECAFOOT n’apparaît que comme une parenthèse. Certes là-bas j’ai embrassé la communication des organisations, puis l’administration de cette fédération sportive comme secrétaire général par intérim, mais je n’ai jamais cessé d’être journaliste. Cette expérience m’a enrichi. Je ne peux pas dire que j’ai atteint mon point de chute car l’histoire n’est pas écrite et n’est jamais terminée.


Vous êtes passé par la case " communication": racontez. C’est passionnant pour un journaliste de se mettre de l’autre côté pour comprendre comment fonctionne les producteurs de l’information.

La communication, c’est un truisme que je prononce là, est un métier à part, que les journalistes de formation ont tort de prendre de haut. Ce métier a ses codes, ses contraintes et ses réalités. Il ne se résume pas aux relations presse, à l’organisation des conference de presse et à la distribution des perdiems au journalistes, il a une face immergée aux côtés du top management et peut être très ingrat. Il a l’air si facile vue de l’extérieur, rien n’est plus faux. La communication peut aussi être grisante, notamment quand elle te permet de vivre aux premières loges la fabrique de l’information ou d’évènements qui vont faire l’actualité. C’est souvent au communicant d’y donner forme, de choisir les mots qui vont enrober la nouvelle. C’est un privilège. A votre avis c'est quoi la plus grande menace sur l'information de qualité, a ce jour? La paresse des journalistes et leur paupérisation. Où sont les grands éditoriaux qui structurent la pensée du public ? Où sont les grands reportages qui vous transportent dans un lieu comme si vous y étiez ? Cela manque cruellement parce que peu de journaux sont encore en mesure de financer une enquête, un reportage de terrain. Les scoops ont presque disparu dans la presse, doublée par les lanceurs d’alerte. Un smartphone et une connexion internet suffisent, pas de rédaction, pas de charge. Mais l’information de qualité reste l’apanage de la presse classique, qui reste dans une démarche professionnelle de vérification et de recoupement. C’est pour cette raison que les journaux ne mourront pas et qu’ils auront toujours des lecteurs.



Revenons à votre offre éditoriale : quel est le plus que vous proposez au lecteur, au vu de ce qu'il y a déjà sur le marché ?


INfo+ ne bondit pas mais rebondit sur l’information. Entre “Le Jour” et “Lignes d’horizon”, le mensuel créé par Valentin Zinga. Notre périodicité hebdomadaire nous oblige à arriver après les quotidiens sur le marché, il faut donc apporter un plus à l’info, d’où INfo+. C’est un créneau difficile tant la tendance est à la course à l’information à cause de la concurrence des médias sociaux. C’est finalement exaltant d’avoir à proposer une lecture de l’actualité qui intègre les réponses que les lecteurs attendent.


Qu'est ce qui, selon vous, sauvera la presse ?

La presse sera sauvée si elle est en cohérence avec les évolutions de son temps. En l’occurrence, s’approprier les outils du numérique au service de la diffusion et de la monétisation de nos productions. La presse papier va rester certes, mais les lecteurs, le plus grand nombre en tout cas, est déjà sur le smartphone. Il faut l’y retrouver et lui permettre d’acheter une information de qualité, utile et attrayante. Par ailleurs, l’Etat ne peut durablement se payer le luxe de ne pas soutenir la presse écrite. Elle a déjà énormément souffert de cet abandon, il est temps du remédier en mettant en place un dispositif d’aide. Toute les démocraties le font, il n’y a pas de raison qu’on pense que la presse va continuer à remplir sa mission de service public sans soutien de l’Etat.