•Il est mort en pleine grève des enseignants
•Son matricule avait été sorti quelques jours avant sa mort
•Son salaire n’est pas toujours disponible
Hamidou est décédé mardi 8 mars. Après des années de précarité, il avait tellement ému l'opinion publique que les autorités venaient de lui accorder son intégration dans la fonction publique. Il avait 49 ans. Il enseignait le sport dans un lycée du nord du Cameroun. Malgré son décès, l’Etat n’a ps daigné régulariser son salaire ce mois. « Il a été enterré, mais nous devons faire le deuil. Il est mort, il n’a rien laissé, sa femme et ses enfants sont là. Ils n’ont rien pour survivre », déclare un proche parent d’Hamidou.
Visage émacié, corps frêle, c’est ainsi que les Camerounais ont découvert pour la première fois, sur une photo diffusée sur les réseaux sociaux, celui qui est rapidement devenu le symbole du mouvement OTS, pour « On a trop supporté ».
Hamidou, enseignant de sport dans un lycée du nord du Cameroun, tenait entre les mains une pancarte sur laquelle était porté un message particulièrement émouvant : « 2012-2020 sans matricule, dix ans sans salaire », avait-il notamment écrit.
Rapidement devenue virale, la publication a indigné, choqué l’opinion, et déclenché une avalanche de messages de compassion et de soutien de la part de ses compatriotes.
Dans la foulée, la grève des enseignants du secondaire était lancée, avec Hamidou comme figure de la détresse de cette catégorie de personnel de la fonction publique.
Pour Hamidou, né en 1973, le destin allait enfin lui sourire. En un rien de temps, son dossier d’intégration comme fonctionnaire, inexplicablement noyé depuis 10 ans dans les dédales de l’administration camerounaise, allait aboutir. Le 24 février dernier, Hamidou pouvait arborer le sourire, il était enfin fonctionnaire de l’État du Cameroun.
Mais hélas, le sort va définitivement s’acharner sur le pauvre Hamidou. Moins de deux semaines après son intégration à la fonction publique, ses collègues enseignants et l’opinion publique camerounaise apprennent, abasourdis, le décès brusque de ce martyr de la craie.