Vous-êtes ici: AccueilActualités2022 03 10Article 647126

Actualités of Thursday, 10 March 2022

Source: www.camerounweb.com

Grève des enseignants : la SNH va débloquer près de 200 milliards FCFA pour les enseignants

Une forte décision vient d’être prise par le gouvernement camerounais Une forte décision vient d’être prise par le gouvernement camerounais

Une forte décision vient d’être prise par le gouvernement camerounais pour résoudre la grève des enseignants.

Dans un contexte marqué par la grève des enseignants, la Société Nationale des hydrocarbures (SNH), sur instruction de la présidence de la République, va débloquer dans les prochains jours près de 200 milliards Fcfa. Une somme qui correspond à l’apurement de la dette de l’Etat vis à vis des enseignants qui est de 181 milliards Fcfa.

Le reversement de cette somme comme avance de trésorerie à l'état du Cameroun via le ministère des Finances va être procéder par la Société Nationale des hydrocarbures (SNH).

Rappelons que les paiements seront progressifs jusqu’en 2023.
Maurice Kamto s’est d’ailleurs prononcé sur la crise du secteur de l’éducation nationale et voici ces termes :

Voilà bientôt près de trois semaines que les enseignants sont en grève au Cameroun, confrontés à la roublardise permanente du pouvoir face à la revendication légitime du respect de leurs droits par leur employeur qu'est l'État. Ayant la preuve que les leaders de leurs différents syndicats s'étaient compromis, individuellement et collectivement, les enseignants du secondaire ont décidé de prendre leur destin en main à travers l'opération « On a Trop Souffert » (OTS). On découvre, médusé, l'ampleur de leurs souffrances psychologiques et morales qui supportent en silence depuis des décennies, du fait de la gabegie d’un régime RDPC qui n’a aucun sens moral ni aucune inhumanité. Les récits des enseignants dont certains travaillent sans salaires depuis plus de dix ans ou n'ont perçu aucun droit sur leurs avancements depuis vingt-huit ans est simplement insupportable. On savait que la forte implication des enseignants dans la lutte pour l’avènement des libertés et de la démocratie au Cameroun au début des années 1990 en avait fait la cible privilégiée du régime qui décida de leur clochardisation. Détruire cette catégorie de travailleurs, socle d’une classe moyenne alors émergente était devenue une obsession pour ce régime. On n'est pas loin de penser que le régime en place a décidé, planifié et exécuté avec un cynisme assumé le martyr des enseignants. Ailleurs les enseignants sont choyés en raison de leur rôle essentiel dans la formation de l'Homme, du citoyen, du travailleur, du créateur des richesses et même des futurs dirigeants. Il faudrait qu’un jour des élèves camerounais arrivés à des positions élevées dans la société, écrivent admiratifs et reconnaisants à leurs instituteurs, enseignants du secondaire, voire du supérieur, ces mots d’Albert Camus à son instituteur, Louis Germain, après son prix Nobel de littérature en 1957 : « Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur, mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève ».

Comment comprendre qu’alors même que des enseignants flétris par la souffrance et le mépris manifestaient leur colère, le gouvernement ait préféré distribuer aux autorités préfectorales une quarantaine de véhicules tout terrain flambant neufs, dont chacun coûte plusieurs dizaines de million de FCFA ? Cela montre clairement qu’une scolarisation de la jeunesse camerounaise n’est pas la priorité du gouvernement en place. Les salaires, avancements et autres avantages financiers des fonctionnaires et agents de l’Etat, dont font partie les enseignants toutes catégories confondues, étant inscrits au budget de l’Etat chaque année, d’où vient-il qu’on ait accumulé des arriérés de près de 200 milliards et que les enseignants aient à s’humilier, supplier, tempêter pour obtenir ce qu’il leur est dû ?

Maintenant que les élèves, conscients que leur avenir est en jeu dans cette grève des enseignants, sont descendus dans les rues, les « Très Hautes Directives de MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE » se souviennent qu’on pouvait trouver « une enveloppe de 2,7 milliards de FCFA qui servira au paiement des arriérés dus aux enseignants mobilisés pour la correction des examens officiels organisés par l’Office du Baccalauréat du Cameroun au titre des sessions de juin 2020 et 2021 ». On a choisi une tête d’épingle là où il s’agit de s’attaquer à un éléphant. Les arriérés dont il est question sont le plus important des problèmes des enseignants. On ne parle pas de ceux qui travaillent depuis 30 ans sans matricule ni salaire, de ceux qui ont 60 mois d’arriérés, des nombreuses primes et indemnités impayées, de leur problème de logement etc.

Monsieur HAMIDOU, enseignant au Lycée de Beka, mort le 08 mars à Jimeta au Nigeria faute de moyens pour se payer des soins, parce qu’il était sans numéro matricule dans la fonction publique et sans salaire depuis dix (10) ans, restera la figure emblématique de cette société camerounaise déshumanisée où l’on peut regarder les gens souffrir pendant de longues années et mourir dans l’indifférence totale de ceux qui sont censés veiller au bien-être de tous.
Si le pouvoir en place veut vraiment régler en profondeur l’épineux problème de la grève des enseignant, il devra le prendre à bras le corps.

Il faut rappeler, au cas où cela aurait échappé au gouvernement, que pour le moment les enseignants réunis sous la bannière citoyenne de OTS ne revendiquent ni une augmentation de leurs salaires modiques ni une quelconque amélioration de leurs conditions de travail. Ils réclament, après près de trente ans pour certains, simplement le paiement de leurs droits, de leurs salaires, avancements etc.
A titre personnel et au nom des militants et sympathisants du MRC, je ne peux qu’être entièrement solidaire des objectifs légitimes et des modalités pacifiques de la grève des enseignants grévistes sous la bannière OTS.

Le régime-RDPC ne respecte que les catégories professionnelles qui concourent à la terreur des populations, afin qu'il s'éternise au pouvoir. Aux hommes et femmes qui appartiennent à ces catégories professionnelles qui exercent une répression politique aveugle sur les citoyens pour bénéficier égoïstement de privilèges, je voudrais leur rappeler que, s'il ont oublié que ce sont des instituteurs, enseignants du secondaire et des universités qui ont fait d'eux ce qu'ils sont devenus aujourd'hui, qu'ils aient un moment de lucidité pour se réaliser que le devenir de leurs progénitures ou descendance dépend du respect et de la reconnaissance que la société accorde aux enseignants, à tous les enseignants sans exception.

C'est l'occasion pour moi de condamner fermement le tour répressif que le régime veut donner à la grève légitime et pacifique des OTS, et qui n’épargnerait pas les élèves qui ont l’outrecuidance de s’inquiéter de leur avenir scolaire. Il sera tenu pour seul responsable de tout incident qui pourrait survenir à cause du recours à la force pour étouffer les revendications légitimes et pacifiques des enseignants, et désormais aussi les protestations des élèves.

Au regard de la sortie du syndicat des enseignants du primaire et du communiqué rendu public par le syndicat des enseignants du supérieur le lundi 7 mars 2020, le mal est général dans la grande famille éducation. Tous les enseignants, du primaire au supérieur, souffrent du manque de considération et du mépris du régime-RDPC. Ils sont les malaimés de la fonction publique camerounaise.
Si le pouvoir a englouti des milliers de milliards de francs CFA dans l'organisation de la CAN 2022, il peut aussi consentir à quelques efforts pour liquider les droits des enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur. Ces femmes et hommes ont eux aussi des charges familiales au même titre que le Président de la République et toutes les huiles du gouvernement, les pantouflards des diverses institutions de l’Etat et les fonctionnaires de haut rang qui cumulent tous les avantages et privilèges, à l’instar des fonctionnaires et autres personnels des finances.

En plus de régler les droits des personnels enseignants, l'Etat doit convoquer en urgence, les états généraux de l'Education, y compris le conseil de l’enseignement supérieur qu’on attend depuis 40 ans, afin d’examiner en profondeur les maux qui minent ce secteur stratégique pour toute nation moderne et de définir ses orientations fondamentales.
Le gouvernement a tout intérêt à éviter de reproduire les erreurs et les fautes graves observées dans sa gestion de la crise anglophone qui, mal gérée, s'est muée en une guerre civile aux conséquences durables.