• L’Education camerounaise est toujours dans la crise
• Jean-Bruno Tagne déverse sa colère
• Les enseignants rejettent les solutions du gouvernement
« On a trop supporté » (OTS), du nom du collectif constitué au début du mouvement, a lancé une « opération craie morte » qui ne cesse de gagner en intensité. Contrairement aux bruyantes manifestations des enseignants anglophones de 2016, qui avaient conduit à des affrontements avec les forces de sécurité avant de se transformer en crise socio-politique, les adhérents du collectif OTS ont fait le pari d’observer un mouvement pacifique : ils rejoignent leurs lieux de services tous les matins mais refusent de dispenser la moindre leçon. Mais le bout du tunnel semble loin encore. Ce qui pousse les leaders d’opinion à réagir. C’est le cas du journaliste Jean Bruno Tagne !
C’est depuis mi-février que ce mouvement dure, jusqu’à la mort tragique d’Hamidou, qui enseignait le sport dans un lycée du nord du Cameroun. Symbole du mouvement de grève qui paralyse le système éducatif du pays depuis bientôt trois semaines, il est décédé mardi 8 mars. Après des années de précarité, il avait tellement ému l'opinion publique que les autorités venaient de lui accorder son intégration dans la fonction publique. Il avait 49 ans.
Seulement, tout porte à croire que la situation va encore perdurer, d’où la colère de Jean Bruno Tagne.
« Pauvres enseignants !!! Le sort réservé aux enseignants au Cameroun est un indicateur de l’ordre des priorités au pays de Paul Biya. Jamais à court d’argent quand il faut engraisser la coterie. Mais lorsqu’il s’agit de payer aux chevaliers de la craie ce qui leur est dû, on cherche la monnaie. En tout cas, seule la lutte libère », peste ce proche de Samuel Eto’o.
Les enseignants grévistes rejettent la nouvelle proposition de Paul Biya et renvoient un message fort
Le président Paul Biya vient de prendre expressément de nouvelles mesures pour une sortie de crise des enseignants grévistes.
Il a demandé dans sa note, de procéder au paiement, à partir de mars 2022, du complément salarial mensuel à verser aux enseignants (titulaires ou non du décret d’intégration) qui ne perçoivent actuellement que les 2/3 de leur salaire, de l’indemnité de non logement due aux enseignants qui n’en perçoivent pas.
Ces nouvelles mesures de Paul Biya ne semblent pas encore réjouir les grévistes qui balaient du revers de la main cette note et qui exigent davantage.
Une nouvelle lettre ouverte a été adressée à Paul Biya. Voici le contenu.
Bonjour M. Le Président de la République par l’entremise du SGPR.
Nous avons lu avec beaucoup d’intérêts vos instructions et nous avons pris acte.
Monsieur Le Président de la République, notre mouvement est à trois semaines de craie morte et pendant tout ce temps les réunions, les concertations, les comités ad-hoc se sont mobilisés pour dire exactement ce que vous dîtes là mais on n’a dit NON.
Vous savez pourquoi parce qu’on attendait effectivement votre mot. Ces mots qui viennent d’être matérialisés par ce papier signé du SGPR qui à mon avis n’est que la pâle copie des choses déjà dites et déjà rejetées. Pourquoi avec votre sortie les choses reviendraient subitement à l’ordre ?
NON monsieur Le Président de la République. Nous vous affectionnons énormément mais nous ne voulons pas que vous soyez complices de ce gouvernement qui vous trompe et vous informe de ce qu’il veut. À vous Monsieur le Président de la République nous vous demandons deux choses :
– le décaissement d’une somme pouvant gérer toutes les rubriques selon l’ordre fido chaque mois jusqu’à épuisement total
– la signature qui met en application le décret du statut particulier de l’enseignant que vous-même avez signé.
Monsieur Le Président de la République si on doit attendre trois semaines pour faire des sorties, si on doit attendre que tous les médias en parlent sinon doit voir un collègue mourir et d’autres se filmer en pleure pour revendiquer leur salaire alors votre instruction ci n’est pas la bienvenue.
L’appareil qui a permis d’en arriver là se mettra en place dès que nous baisseront un peu les bras pour nous manger à nouveau.
Aucune loi n’a véritablement pas frappé les réseaux mafieux de 20% où de 15% donc rien n’est concret danses vos instructions.
Progressivement est un mot que vous utilisez constamment et le constat est que chaque fois que vous l’utilisez on n’arrive jamais à bout des efforts car autour de vous des fonctionnaires véreux en profitent pour nous tuer à petit feu.
Monsieur le Président de la République nous vous prions de reconsidérer vos mots et de sortir un communiqué plus pointu et plus décisif sur le sort qui nous est réservé. Sur ce nous POURSUIVONS NOTRE GREVE JUSQU’À CE QUE VOUS VOUS PENCHEZ SUR LES POINTS CITES PLUS HAUT. Nous ne cédéroms pas à la flatterie propre à vous ni aux intimidations des ministres qui parlent d' "instrumentalisation". Nous souhaitons juste entrer en possession de nos droits.
Merci Monsieur le Président de la République.
Le professeur de la République (PR).