• Jeune Afrique ouvre une fenêtre sur l’état psychologique de Paul Biya
• Le chef de l’Etat souffre depuis 1984
• Ses agissements affectent ses collaborateurs
Pour sa sécurité le chef de l’Etat camerounais Paul Biya ne lésine pas sur les moyens. En plus des Israéliens qui assurent la formation du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), Paul Biya s’est également attaché les services de l’élite de l’armée nationale. Son plus fidèle colloborateur durant ces 20 dernières années demeure le contre-amiral Joseph Fouda qui est son aide de camp.
Il est le seul militaire à être au parfum de tous ce qui se passe au Palais de l’Unité. Il rencontre quotidiennement le chef de l’Etat et a la réputation d’être le négociateur des rencontres non-officielles du chef de l’Etat. Si Paul Biya laisse un militaire si proche de lui, il n’a pas pour autant oublié la tentative de coup d’Etat du 06 avril 1984. Selon le journal Jeune Afrique, Paul Biya est un homme politique rancunier. Il a été traumatisé par ces attaques attribuées à l’époque aux hommes de l’ancien président Ahidjo.
« Que Paul Biya accorde sa confiance à un officier n’allait pas de soi. Il n’a jamais oublié qu’une partie de la Garde républicaine a tenté de le renverser, un 6 avril 1984 – c’est le grand traumatisme du début de sa présidence. Politicien madré et rancunier, il s’applique depuis des années à asseoir son contrôle sur l’armée et le contre-amiral est, à cet égard, un maillon essentiel de la stratégie de conservation du pouvoir qu’il a mise en place. Et même si les Camerounais n’osent en débattre ouvertement, tous savent que, si Paul Biya venait à être empêché, l’armée pourrait décider de jouer un rôle dans cette succession qui, inévitablement, se profile », révèle le journal.
Ces mêmes contractuels israéliens assurent également le contrôle du Bataillon d’intervention rapide (BIR). Doté de 5000 hommes, d’un matériel de guerre polyvalent (terre, mer et air) ainsi que d’un entrainement spécial, il joue un rôle de premier plan dans la défense du territoire. Dans les faits, le BIR est financé par la Société nationale des hydrocarbures (SNH), dont le puissant Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence, dirige le conseil d’administration. Le BIR, comme la Garde présidentielle, a développé des capacités de surveillance électronique qui leur confère un avantage stratégique sur le reste de l’armée.
Silence dangereux
C’est un secret de polichinelle. Le premier ministre Joseph Dion Ngute et le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh entretiennent des relations exécrables. L’humiliante audition du chef du gouvernement par les enquêteurs de la police judiciaires dans l’affaire de scandale financier dénommé Covidgate, serait l’œuvre de ses détracteurs. Jeune Afrique révèle que la tension entre les deux personnalités est alimentée délibérément par Paul Biya.
« Sitôt installé, le voilà qui tente donc de prendre la main sur les nominations des patrons d’entreprises et d’établissements publics. Ferdinand Ngoh Ngoh s’interpose. Tels deux caïmans du même marigot, ils s’épient, se jaugent et s’opposent tout en veillant à ne pas faire trop de vagues. Le président ne perd pas une miette de ce duel au sommet et alimente même en munitions leur animosité. Tant que les coups qu’ils se portent ne dégénèrent pas en une guerre de tranchées trop bruyante, le « chef » savoure. Âgé de 87 ans, conscient que sa succession occupe tous les esprits, il se joue du choc des egos pour contenir les ambitieux », lit-on dans le journal.
Alors qu’il se fait de plus en plus rare, Paul Biya a cependant instauré une nouvelle pratique qui consiste à recevoir tous les vendredi le premier ministre Joseph Dion Ngute au palais de l’Unité. Cette tradition qui surprend tout le monde au palais fragiliserait davantage Ferdinand Ngoh Ngoh d’autant plus que les entretiens en Biya et Ngute se font en privé.
« Comme pour faire contrepoids à la puissance de Ngoh Ngoh, Paul Biya s’emploie maintenant à renforcer Dion Ngute. Il s’entretient tous les vendredis après-midi avec son Premier ministre. Une nouveauté que ce privilège accordé par un président qui apparaît de moins en moins en public et reçoit rarement ses ministres », rajoute le journal qui s’interroge sur la capacité du premier ministre à tenir longtemps face à un SGPR craint par les précédents premiers ministres. En effet les prédécesseurs de Dion Ngute n’ont jamais accepté avoir des confrontations avec les SGPR.
« Philémon Yang fut d’une remarquable discrétion. Locataire de la primature de 2009 à 2019, il n’est pour autant pas connu du commun des Camerounais. Il ne parlait pas aux journalistes, descendait peu sur le terrain, mettant ainsi un soin particulier à se faire oublier. Alors défier Ferdinand Ngoh Ngoh… De toute évidence, l’idée ne lui a jamais traversé l’esprit », révèle Jeune Afrique.