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Actualités of Sunday, 26 December 2021

Source: www.bbc.com

Géostratégie : la Russie se prépare-t-elle à envahir l'Ukraine ?

C'est en tout cas ce que craignent les dirigeants occidentaux et l'Ukraine C'est en tout cas ce que craignent les dirigeants occidentaux et l'Ukraine

Les forces russes se préparent-elles à la guerre en Ukraine ? C'est en tout cas ce que craignent les dirigeants occidentaux et l'Ukraine.

Il y a seulement sept ans, la Russie s'est emparée d'une partie du sud de l'Ukraine et a soutenu les séparatistes qui ont déclenché un conflit dans de vastes régions de l'est.

La Russie a menacé de prendre des mesures militaires et les États-Unis ont déclaré qu'en cas d'invasion, ils riposteraient par des sanctions d'une ampleur sans précédent.

Où se trouve l'Ukraine ?

L'Ukraine a des frontières communes avec l'UE et la Russie, mais en tant qu'ancienne république soviétique, elle entretient des liens sociaux et culturels profonds avec la Russie et le russe y est largement parlé.

La Russie résiste depuis longtemps à l'évolution de l'Ukraine vers les institutions européennes.

Lorsque les Ukrainiens ont déposé leur président pro-russe en 2014, la Russie a saisi puis annexé la péninsule méridionale de Crimée à l'Ukraine et les séparatistes soutenus par la Russie ont capturé de larges pans des deux régions orientales de l'Ukraine collectivement connues sous le nom de Donbas.

Moscou exige désormais des garanties que son voisin ne rejoindra jamais l'Otan, l'alliance occidentale.

Y a-t-il une réelle menace d'invasion ?

Ce conflit dans l'est de l'Ukraine se poursuit à ce jour, bien qu'un accord de cessez-le-feu conclu en 2020 soit à nouveau en vigueur.

Mais ce sont les forces russes opérant au-delà de la frontière ukrainienne qui sont les plus préoccupantes. Les services de renseignement occidentaux affirment qu'elles comptent jusqu'à 100 000 hommes, tandis que Kiev pense que ces forces sont encore plus importantes.

Il n'y a pas de sentiment de menace imminente - ou que le président russe Vladimir Poutine ait décidé d'une invasion. Mais il a parlé de "mesures militaro-techniques de rétorsion appropriées" si ce qu'il appelle l'approche agressive de l'Occident se poursuit.

Le vice-ministre russe des affaires étrangères, Sergei Ryabkov, prévient que les tensions peuvent conduire à une situation similaire à la crise des missiles de Cuba en 1962, lorsque les États-Unis et l'Union soviétique ont frôlé le conflit nucléaire.


Les services de renseignement occidentaux ainsi que ceux de l'Ukraine pensent qu'une incursion ou une invasion pourrait avoir lieu au début de 2022. "Le moment le plus probable pour se préparer à une escalade sera la fin du mois de janvier", déclare le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiy Reznikov.

Le directeur de la CIA, William Burns, estime que le président Poutine "met l'armée russe et les services de sécurité russes dans une position où ils pourraient agir de manière assez radicale".


Il pourrait simplement s'agir d'une manœuvre visant à éloigner l'OTAN de l'arrière-cour de la Russie.

Nous sommes déjà passés par là, en avril de cette année, lorsque la Russie a fait passer des mouvements de troupes de moindre ampleur pour des exercices, puis s'est retirée - même si certains experts suggèrent qu'il ne s'agissait que d'un retrait partiel. Aucune concession évidente n'a été faite.

La Russie et les États-Unis sont toujours en pourparlers. Le président Joe Biden et M. Poutine ont eu un appel vidéo le 7 décembre dans le but d'apaiser les tensions.

Le dirigeant russe espère que de nouvelles négociations auront lieu à Genève en janvier 2022, même s'il souhaite se concentrer sur ses demandes de garanties de la part de l'OTAN.

Que dit la Russie ?

Dans un premier temps, la Russie qualifie d'alarmistes les photos satellites montrant des regroupements de troupes en Crimée et non loin de l'est de l'Ukraine. Le chef des forces armées, Valery Gerasimov, souligne même que "les informations circulant dans les médias sur la prétendue invasion imminente de l'Ukraine par la Russie sont un mensonge".

Mais le président Poutine menace depuis de "prendre des mesures de réponse militaro-techniques adéquates et de réagir durement aux mesures inamicales".

Moscou accuse l'Ukraine de constituer la moitié de son armée - soit quelque 125 000 personnes - dans l'est du pays, alléguant que Kiev envisage d'attaquer les zones contrôlées par les séparatistes soutenus par la Russie. L'Ukraine affirme qu'il ne s'agit là que d'une "propagande absurde" visant à dissimuler les projets de la Russie.

La Russie accuse également les pays de l'OTAN de " pomper " l'Ukraine avec des armes. Accusant les États-Unis d'attiser les tensions, M. Poutine affirme que la Russie n'a "plus aucun endroit où se retirer.

La contre-réclamation de la Russie pourrait devenir une justification pour une action militaire.

Vladimir Dzhabarov, numéro deux de la commission des affaires internationales du Conseil de la Fédération de Russie, explique début décembre que quelque 500 000 Ukrainiens vivant dans les zones tenues par les rebelles avaient désormais des passeports russes. Si les chefs rebelles font appel à l'aide de la Russie, "bien sûr, nous ne pouvons pas abandonner nos compatriotes", dit-il.

Que veut la Russie ?

Le président Poutine avertit l'Occident de ne pas franchir les "lignes rouges" de la Russie en Ukraine. Quelles sont ces lignes rouges ?

L'une d'elles est l'arrêt de l'expansion de l'OTAN vers l'est, ce qui inclut l'Ukraine et la Géorgie.

La Russie souhaite également que l'OTAN abandonne ses activités militaires en Europe de l'Est, ce qui implique de retirer ses unités de combat de Pologne et des républiques baltes d'Estonie, de Lettonie et de Lituanie, et de ne pas déployer de missiles dans des pays comme la Pologne et la Roumanie.

En bref, elle souhaite que l'OTAN revienne à ses frontières d'avant 1997. M. Poutine affirme que la Russie cherche à éviter les effusions de sang et à trouver une solution diplomatique, mais ce type de demande est voué à l'échec. Néanmoins, c'est sur ce point qu'il souhaite que les discussions avec les États-Unis se concentrent et il affirme que la balle est dans le camp de l'Occident.


Aux yeux de M. Poutine, le soutien militaire américain à Kiev se déroule "à la porte de notre maison". La Russie est déjà préoccupée par le déploiement de drones turcs contre les forces soutenues par la Russie dans l'est de l'Ukraine et par les exercices militaires occidentaux en mer Noire.

En juillet 2021, le dirigeant russe a publié un long compte rendu sur le site Internet du Kremlin, dans lequel il qualifiait les Russes et les Ukrainiens de "nation unique" et accusait les dirigeants actuels de l'Ukraine de mener un "projet anti-russe". L'Ukraine faisait partie de l'Union soviétique, qui s'est effondrée il y a 30 ans, et M. Poutine a décrit les événements de décembre 1991 comme la "désintégration de la Russie historique".

La Russie est également frustrée par le fait que l'accord de paix de Minsk de 2015 visant à mettre fin au conflit dans l'est de l'Ukraine est loin d'être respecté. Il n'y a toujours pas d'arrangements pour des élections contrôlées de manière indépendante dans les régions séparatistes. La Russie nie les accusations selon lesquelles elle fait partie du conflit qui perdure.

Comment l'OTAN aide-t-elle l'Ukraine ?

L'alliance militaire occidentale de l'OTAN est défensive et son secrétaire général, Jens Stoltenberg, indique clairement que tout soutien militaire s'inscrit dans cette optique.

Le Royaume-Uni va aider l'Ukraine à construire deux bases navales, à Ochakiv, sur la mer Noire, et à Berdyansk, sur la mer d'Azov. Des missiles antichars américains Javelin ont également été envoyés en Ukraine et deux patrouilleurs des garde-côtes américains ont été donnés à la marine.

Alors que la Russie affirme catégoriquement qu'elle ne permettra pas à l'Ukraine de rejoindre l'OTAN, le président ukrainien Volodymyr Zelensky attend de l'alliance un calendrier précis.

"C'est à l'Ukraine et à 30 alliés [de l'OTAN] de décider quand l'Ukraine sera prête à rejoindre l'alliance", souligne M. Stoltenberg. La Russie n'a "aucun droit de veto, aucun droit d'interférer dans ce processus".

Jusqu'où l'Occident ira-t-il pour l'Ukraine ?

Les États-Unis indiquent clairement qu'ils étaient déterminés à aider l'Ukraine à défendre son "territoire souverain". Le président Biden parle d'imposer des mesures "comme il n'en a jamais vu" si l'Ukraine était attaquée.

Mais il souligne également que le déploiement unilatéral de troupes américaines n'est "pas à l'ordre du jour".

L'Ukraine affirme qu'elle est prête à se défendre seule. "Nous mènerons cette guerre par nous-mêmes", indique le ministre des affaires étrangères, Dmytro Kuleba.

Donc, même si les États-Unis refusent de reconnaître les "lignes rouges" de la Russie concernant l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN ou toute autre chose, jusqu'où iront leurs "mesures économiques fortes et autres" pour aider Kiev ?

Les principaux outils de l'arsenal occidental semblent être les sanctions et le soutien à l'armée ukrainienne. La ministre britannique des affaires étrangères, Vicky Ford, a déclaré que les responsables britanniques envisageaient une extension du soutien défensif.

Quant aux mesures économiques, le principal outil pourrait être la menace de déconnecter le système bancaire russe du système de paiement international Swift. Cette mesure a toujours été considérée comme un dernier recours, mais la Lettonie a déclaré qu'elle enverrait un message fort à Moscou.

Une autre menace importante est d'empêcher l'ouverture du gazoduc russe Nord Stream 2 en Allemagne, dont l'approbation est actuellement décidée par le régulateur allemand de l'énergie. La ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a clairement indiqué qu'en cas de nouvelle escalade russe, "ce gazoduc ne pourrait pas être mis en service".

Il pourrait également y avoir des mesures visant le fonds souverain russe RDIF ou des restrictions sur les banques qui convertissent des roubles en devises étrangères.