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Actualités of Friday, 22 October 2021

Source: Cameroon Tribune

L’immoral social ou le seuil de l’inacceptable

L’immoral social ou le seuil de l’inacceptable L’immoral social ou le seuil de l’inacceptable

Le temps des interrogations sur l’apocalypse morale qui s’abat sur notre société est arrivé. Comme cela a été annoncé dans les saintes écritures, tout ce qui était caché commence à se révéler au grand jour. D’abord deux quinquagénaires qui abusent sexuellement d’une mineure présumée dans un bureau et puis balancent les images de leurs obscénités sur les réseaux sociaux avant de narguer triomphalement la victime et toute la société.

A mille lieux de là, un groupe de fous égarés de la civilisation décide d’attenter à la vie du chef de l’État bravant l’interdiction de manifestation publique de la police Suisse. Et ce chapelet d’horreurs sociales s’enrichit des infanticides d’une jeune dame sur ses deux enfants au nom d’un amour virtuel et d’une promesse de mariage d’un amant chimérique rencontré sur les réseaux sociaux.

Notre peste apocalyptique aurait pu en rester là si une conversation téléphonique d’une dame avec un célèbre homme public des medias au sujet des penchants sexuels déviants de ce dernier ne venait s’ajouter à un débat des plaisirs déjà fort alimenté par le mariage d’un compatriote avec un riche milliardaire blanc. La rhétorique force dès lors à questionner le pourquoi et le comment. Le pourquoi d’une déliquescence des valeurs morales, le pourquoi d’une course folle vers le buzz sur les réseaux sociaux, le pourquoi d’une volonté de destruction de notre commune histoire…

L’éthique sociale, jetée dans les égouts est devenue un frein pour les perdants, une protection pour les vaincus et une justification morale de ceux qui n’ont pas su tout miser et/ou tout rafler. Pourtant les vicissitudes de la vie ne sauraient en aucun cas faire oublier la longue et pénible marche vers l’objectif final: L’acceptation de l’autre. Le seuil de l’inacceptable est franchi. Les milieux de socialisation que sont les lieux de culte, les ménages, les écoles semblent avoir manqué à leurs missions. Même le programme civique gouvernemental de réarmement moral des jeunes, présenté à grand renfort médiatique comme la clé de voute d’une opération de sauvetage de la morale publique s’est grippée à quelques ateliers. La république du « tu sais qui je suis ?» et du « méfies toi »; cette République du lien disons nous s’est récemment encore illustrée honteusement entre une élue de la nation déterminée à violer les lois par elle votées au Parlement et une patrouille de police engagée au respect de cette loi. Comme dans une abbaye de thelem, les positions de privilège, et des liens décrites par Bourdieu ont reproduit le surhomme social nourri aux leurres utopiques d’une appartenance à lui (le surhomme) de la République. D’instinct de survie, le peuple se lève.

Se déchaîne. Sorte de révolte des damnés marquée par le refoulement freudien du contrat social et l’adoubement de l’état de nature. Les symboles de l’Etat sont profanés. La vie humaine est animalisée. La barbarie consacre l’horreur et les scènes de justice populaire exposent les hideurs nauséeuses de l’anarchie en même temps qu’elles contraignent au rétablissement sans négociation de l’autorité du Monstre froid de Nietzsche. Le temps urge. Les secondes s’égrainent. L’abîme demeure béante et abyssale. Sans fond. Aucune souffrance ne semble plus expiatoire. Chaque levée du soleil est symbole d’interrogations sur l’amoral du jour qui vient d’entamer sa course; sur l’identité aussi de l’agneau du sacrifice expiatoire de notre commune démission. Le virus de la résignation présomptive a finit par provoquer une septicémie générale chez les influenceurs du destin collectif.

Pourtant, précise Albert Jacquard, c’est à chaque peuple de construire sa morale sur la base de ses lois. A cette pensée, tous ensembles trouverons-nous inéluctablement la réponse à cette interrogation du Président Paul Biya dans l’une de ses adresses : « Quel avenir pour nos enfants ? ». Eux qui représentent cette Nation qui nous survivra contre vents et marées.