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Actualités of Tuesday, 5 October 2021

Source: Mutations

'En période de crise, on ne délègue pas la fonction présidentielle'

'En période de crise, on ne délègue pas la fonction présidentielle' 'En période de crise, on ne délègue pas la fonction présidentielle'

Le niveau de transfert de 15% des recettes de l'État aux collectivités territoriales décentralisées (CTD) n'est pas atteint. On en est qu'à 7% après deux exercices budgétaires. L'État central et les organismes qui lui sont rattachés continuent de concentrer la quasi-totalité des prélèvements obligatoires (plus de 85%). Les conseils régionaux ont été créés mais ne disposent pas encore de moyens à la hauteur des compétences qui leur sont dévolues à savoir le développement économique, la santé, les infrastructures, le transport, l'urbanisme, l'habitat, l'action sociale, l'éducation, la gestion de l'eau et de l'énergie, etc. Dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NOSO) spécifiquement, le Code général des CTD mentionne qu'elles bénéficient d'un statut spécial fondé sur la spécificité linguistique.

Les insuffisances et/ou pièges

Les résolutions du GDN comportaient des insuffisances et/ou des pièges à l'instar de l'absence de délai ferme pour la mise en œuvre globale de toutes les recommandations prescrites, la non inscription d'un calendrier des différentes étapes des réformes ainsi que le caractère non contraignant des résolutions. Ces insuffisances et/ou pièges auraient dû mériter tout au moins des compléments d'informations du gouvernement au Parlement en particulier et aux populations en général pour les mettre en confiance.

Le gouvernement a opté pour deux solutions distinctes dans les deux régions concernées. Le durcissement de l'option militaire dans le Nord-Ouest et le renforcement du dialogue dans le Sud-Ouest. Cette guerre sera à terme ruineuse pour notre économie. Il est nécessaire et important que la paix revienne dans ces deux régions. Rien de durable ne peut se faire sans la paix. Sans la paix des cœurs. Le président de la République doit personnellement piloter cette crise. En période de crise, on ne délègue pas la fonction présidentielle. Surtout pas aux faucons du système.

Au sein du gouvernement, la gestion politique de cette crise peut être confiée au Premier ministre qui, en plus d'être un chef traditionnel de premier degré originaire du Sud-Ouest, présente la particularité d'être un diplomate tempéré, pondéré et réservé. Il a le profil idéal pour cette lourde tâche. Le président de la République peut, dans un sursaut de sagesse que lui confère forcément son âge, décréter le cessez-le-feu dans les deux régions anglophones. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut désarmer l'armée. Si les bandes armées ne suivent pas, l'opinion publique nationale et internationale sera prise à témoin.



Le Cameroun brûle depuis le début de cette crise dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec risque d'effet domino dans d'autres régions. En période d'incendie, on a besoin de tous les seaux d'eau pour l'éteindre. Il faut absolument assécher l'idéologie sécessionniste qui est à proscrire. Le président de la République peut solennellement convoquer puis rencontrer les leaders de formations politiques, les leaders des formations libérales, les leaders religieux ainsi que ceux de la vraie société civile.

Cette union sacrée passe évidemment par la libération des prisonniers politiques embastillés dans le cadre de cette crise ainsi que la libération de tous manifestants incarcérés à la faveur des différentes marches pacifiques. Un geste avait été fait dans ce sens à la fin du Grand dialogue national. Pour détendre l'atmosphère politique après le GDN. Au cours de ces audiences, le président de la République peut demander à ces leaders de se joindre au Premier ministre, chef du gouvernement, et les mettre par la suite en mission de bons offices pour rencontrer les différents leaders masqués ou pas de la sécession à l'effet de se retrouver autour de la table pour des négociations. Même si ceux-ci font exigence de ce que les rencontres doivent s'effectuer à l'extérieur du pays pour assurer leur sécurité, consentir à cette demande puisque la paix n'a pas de prix.

Une fois ces discussions entamées, ce sera déjà un pas décisif pour un retour à la paix qui n'a pas de prix. Rien ne vaut la paix. Les différentes options seront mises sur la table des négociations. Parallèlement, afin de susciter une compréhension et une adhésion populaires, une vaste campagne d'information et d'explication devra être organisée et menée par des personnes crédibles dans les deux régions du NOSO.

Le SDF reste bien entendu convaincu que seul le retour au fédéralisme, prôné depuis sa création, isolera les extrémistes et ramènera la paix qui nous est tous si chère. Le gouvernement détient tous les leviers pour une décrispation et un retour de la paix dans le NOSO. À condition de jouer franc jeu et surtout de mettre les faucons de côté.