Actualités of Wednesday, 15 November 2017

Source: panoramapapers.com

Comment Paul Biya fait torturer les huissiers de justice stagiaires

Les avocats et huissiers camerounais Les avocats et huissiers camerounais

Ulcérés et las d’attendre du ministère de la Justice, garde des Sceaux, l’organisation de l’examen de fin de stage dont le dernier remonte à 17 ans, ils continuent de végéter, dans l’espoir que l’arbitrage souhaité du président de la République, permettra de mettre fin à leur calvaire pour qu’ils rentrent dans leurs droits.

Difficile de rester insensible devant le récit émouvant de ces hommes et femmes dont le malheur est d’avoir choisi d’embrasser la carrière d’huissiers de justice. Le calvaire de ces pauvres camerounais dure depuis une vingtaine d’années. Une éternité pour ces mendiants de la justice qu’ils sont devenus à force d’attendre en vain, un fameux acte présidentiel qui n’est jamais arrivé. Dans la douleur et la durée de ce combat (vain), certains sont morts ou ont perdu leurs titulaires et donc, ont du mal à exercer, à gagner leur vie. « Nous sommes aujourd’hui plus d’une centaine d’huissiers de justice sortis il y a 23 ans pour certains, 21 et 17 ans pour les autres. Nous attendons toujours d’être nommés, croupissant  avec nos familles dans la misère, la précarité. Au cours de cette longue attente, plus d’une soixantaine d’huissiers stagiaires et huissiers en attente de charges sont décédés fautes de soin à cause d’un manque de moyens financiers », confient-ils dans une des nombreuses correspondances qu’ils traînent malaisément dans les administrations compétentes dans l’espoir qu’on mettra fin à leur supplice.

Négociations infructueuses

En parcourant la pile de documents dont Panoramapapers a obtenu copie, l’on constate que ce sont en fait, des huissiers de justice en attente de charges réunis au sein d’un collectif. Courroucés par cet enfer que leur font subir les autorités camerounaises dont l’inertie légendaire en matière de traitement de dossier est un secret de Polichinelle, ils en ont gros sur le cœur. Le 29 décembre 2016, ils ont adressé au ministre d’Etat, ministre de la Justice Garde des sceaux, une volumineuse correspondance avec pour objet : « demande de l’organisation de l’examen de fin de stage d’huissier de justice ». Courrier dans lequel ils racontent leur mal-être et le calvaire qu’ils endurent depuis des lustres. En effet, bon nombre de ces huissiers de justice ont prêté serment depuis 1994. Et depuis lors, ils attendent le décret présidentiel qui leur donne la possibilité d’exercer pleinement. Entre négociations, médiations (infructueuses), frustration et promesses de lendemains meilleurs, ces mères et pères de famille broient du noir pour dire le moins.

Laurent Esso de marbre…



« Nous, huissiers de justices stagiaires arrivés en fin de stage, nous avons l’honneur de venir auprès de votre bienveillance, solliciter, l’organisation de l’examen de fin de stage d’huissier de justice, dont la dernière session a eu lieu les 21, 22, et 23 novembre de l’année 2000, soit 16 années déjà », écrivent-ils non sans rappeler les dispositions pertinentes des articles 7 et 10 du décret n°079/488 du 05 novembre 1998, modifié par les décrets n°98/170  du 27 août portant réglementation des fonctions et fixant le statut des huissiers de justice au Cameroun. Lesquelles sanctionnent d’un délai maximum de trois (03) années, la durée de stage d’huissier de justice au Cameroun. Seulement, s’interrogent les signataires, pour des raisons inconnues à ce jour, et ce malgré des nombreuses démarches entreprises tant auprès du président de la Chambre des Huissiers de justice, qu’à la chancellerie auprès de madame le Directeur des professions judiciaires, « il ressort de tout ces entretient, qu’aucune perspective de l’organisation dudit examen ne s’ouvre à l’horizon